On était aux Nuits Sonores

Publié le 29 mai 2012 par Wtfru @romain_wtfru

La semaine dernière a eu lieu la dixième édition de l’un des, si ce n’est du meilleur festival de musique électronique en France, les Nuits Sonores. Chaque année autour du mois de Mai, les fans de techno, les férus de rock indés, les teufeurs, les clubbers ou simplement les amateurs de bonne musique se retrouvent tous à Lyon pour faire la fête nuit et jour pendant tout un (long) week-end. Depuis leur création en 2002, les Nuits Sonores n’ont pas arrêté de grandir, avec toujours la même exigence dans la programmation et la même volonté d’inscrire la fête partout dans la ville de Lyon, dans les salles de concert ou juste dans la rue. Les Nuits Sonores, c’est un des rares festivals ou tu peux danser non-stop du mercredi matin au dimanche soir, le tout dans une multitude de lieux différents.
Comme 10 ans ca se fête, on s’est dit qu’on pouvait pas rater ça. On s’est donc rendu dans la ville de la Rosette et du mauvais football pour célébrer la musique qui s’écoute très fort avec des très grosses basses. Pour que ca soit plus fun pour vous on va semer des liens vers des morceaux qui représentent les artistes. Donc pour revire les Nuits Sonores, mais sur Youtube, ya qu’à se laisser guider. 1, 2, 3, Cliquez !

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Night 1.


   Qui dit dixième année dit changements. Cette année en plus des nuits en elle-même, qui rassemblent la plupart des têtes d’affiche du  festival, on pouvait aussi aller au NS Days, qu’on vous aurait bien raconté si on avait eu les tickets pour entrer… Dommage, on y retrouvait entre autres Lone, Joy Orbison, Marcel Dettmann, Hunx and his Punx ou encore Modselektor. Pas d’inquiétude cependant, on trouve toujours des soundsystems à tous les coins de rue et on jamais besoin d’aller très loin pour écouter du son.
Autre changement notable, le site principal des nuits ne se trouve plus au Marché Gare mais aux anciennes usines Brossettes, prés de Gerland. Ce nouveau terrain de jeu aura parfaitement remplacé l’ancien, offrant une acoustique et des réverbérations métalliques excellentes pour de la musique électronique, ainsi qu’une profondeur de salle et des hauteurs de plafond impressionnantes.
Night One donc. On entre directement dans le vif du sujet, enfin presque, puisqu’avant la techno la programmation nous offre une petite demi-heure de rock défouloir avec le duo chevelu Bass Drum of Death. On se secoue sur les riffs saccadés des deux américains, ca fait du bien et ca permet de digérer le kebab ingurgité une heure avant. Cette année le rock n’est pas tellement mis en avant, mais c’est pas grave tant le programme des réjouissances est chargé. La preuve, en même temps sur la deuxième scène, Cassy démarre un set de techno minimale dans la plus pure tradition allemande et berlinoise. Petit déhanché et mouvement d’épaule de vigueur, tendance qui ne fait que s’accentuer avec le live de !!!, fameux groupe new-yorkais avec au compteur 8 membres sur scène, 4 albums dans les bacs et un groove bien plus présent en live que sur leur disques qui sonnent tous un peu fake, il faut bien le dire.
Les choses très sérieuses commencent avec l’apparition de James Murphy aka LCD Soundsystem. L’anglais ne rigole pas et on s’amuse tellement qu’on rate le set de Seth Troxler, programmé aux mêmes horaires. Il faut dire que l’anglais ne lésine pas sur les moyens. Il transforme le plus grand hangar du site en boite Electro-Disco grâce à ses nombreuses mélodies bien senties au milieu de la pluie de basses habituelle. MVP de la night sans hésiter. Un titre que ne viendra pas leur disputer Simian Mobile Disco, avec leur set bien sur très technique, ultra-propre mais beaucoup trop violent pour nos cerveaux fatigués par le rhum. Ca tape tellement fort qu’on se croirait dans une usine de sidérurgie. On laissera donc cette techno industrielle aux amateurs nous on rentre se reposer un peu, après tout ce n’est que la première soirée…

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Night 2.

Le Jeudi aux Nuits Sonores, c’est circuit électronique ! Autrement dit du son, toute la journée, dans toute la ville. Et bien sur il y en a pour tous les gouts. Cette année 15 villes étaient représentées, à travers 15 soirées ayant lieu dans différents endroits stratégiques lyonnais. Mais avant ca, il faut récupérer, c’est important dans les festoches de longue haleine comme les Nuits Sonores. Le problème c’est qu’au lever, approximativement vers 15h, il n’y a déjà plus de place pour la Born Bad Night, soirée organisée autour du label parisien du même nom et qu’on apprécie vraiment par ici. C’est con, pas de Cheveu ni de Frustration au programme ce soir. Pour se remettre de ces émotions, on va chiller un peu dans les rues de Croix-Rousse, peut-être même aller faire la sieste dans un parc. Pour le programme des réjouissances, on verra plus tard.
Bon en vérité, pas vraiment le temps de se reposer. On fait à peine 100 mètres que l’on tombe déjà sur une démo de BMX/roller derby, bien sur accompagnée de gros son mais ça ça commence à devenir une évidence, on va arrêter de le préciser à chaque fois. Partout c’est la fête, on se croirait le 21 juin ou un jour de carnaval. Ca joue au volley sur une place, certains participent au championnat du monde de chaises musicale, d’autres se contentent de boire des bières. C’est aussi ca les nuits sonores.
Pour la soirée, on va taper dans les valeurs sures. On hésite à checker la soirée Bamako, juste pour le plaisir de retourner au Marché-Gare, on est bien tenté par la Rave de l’Est organisée en l’honneur de la capitale Tchèque, mais non. Au final ce sera le Ninkasi Kao, au moins là-bas y aura du monde et de la bonne bière. Les français Weirdd et Jay Weed font le taf, mais c’est Ramadanman qui nous impressionne le plus. Venu représenter la nouvelle scène Bass en provenance d’Angleterre, il régale la salle malgré un début de set poussif.
Encore une bonne soirée passée et qui ne sera pas gâchée par les trois quarts d’heure de navette obligatoire pour rentrer à la maison. Cependant, on reste bien conscient que le plus fort reste à venir, avec les deux dernières nuits aux usines Brossettes !

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Night 3.

Gros programme le vendredi soir donc on va en venir directement à la soirée. Mais avant quand même, big up aux personnes avec qui on a pris l’apéro, écouter ce genre de choses aux Nuits Sonores, on s’y attendait pas et ca fait bien plaisir. C’est donc remontés à bloc qu’on se rend sur le site, au taquet, jusqu’au gros buzzkill de la night : MF Doom annulé. Ca fait malheureusement parti des aléas d’un festival mais ça empêche pas une bonne partie du public de bien gueuler. Allez c’est pas très grave, il nous reste plein d’autres trucs pour kiffer.
Doom est remplacé par Feadz, qui a encore du boulot avant de nous convaincre qu’il est un artiste vraiment intéressant, et par Para One, qui malgré un set très classique, peut toujours s’appuyer sur quelques ogives sorties de sa discographie. Et puis pour ceux qui veulent vraiment écouter du rap (nous quoi), il reste toujours Kool Keith. Le MC New-Yorkais aux multiples personnalités et aux plus de 15ans de carrière produit un live généreux, à travers duquel on prend plaisir à retracer tous ses classiques. Du rap alternatif oui, mais du très bon rap quand même. Merci Dr Octagon.
Et puis arrive le moment difficile de la soirée, l’heure du choix. Flying Lotus ou Caribou vs. Four Tet ? Sérieux c’est pas évident, vous auriez fait quoi à notre place ? D’un côté, Flying Lotus qui balance tout et n’importe quoi, ca passe du rap au rock à la techno en moins de 4 secondes, dans une impression de bordel général en fait totalement maitrisé. De l’autre, deux gros noms de la nouvelle scène electro qui après avoir mis le feu séparément lors des éditions précédentes reviennent main dans la main pour un set magique. Entre les deux dj, la complicité est évidente et si on gardera une préférence pour les passages de Four Tet, on passe tout de même plus de deux heures hors du temps, conclues par un final  magistral.
Difficile d’enchainer après ceci. Malgré le retour de Busy P après son set en état d’ivresse l’an dernier et un hommage bien senti aux Beastie Boys (RIP MCA), on est pas plus emballé que ca. Pareil pour Gesaffelstein, loin d’être un mauvais dj mais beaucoup trop bourrin pour nous à cette heure avancée de la nuit. On se dit que les programmateurs doivent être un peu pervers, ou alors ce sont juste les festivaliers qui sont un peu masos.
Heureusement la lumière vient de la plus petite scène, qui accueille un des plus illustres représentants de la scène techno de Detroit, Monsieur Theo Parrish. C’est simple, c’est notre coup de cœur de cette édition. Un set complètement dingue entre techno, soul, funk et rap. Surtout, Theo est la pour donner de l’amour et c’est peu dire que le public lui rend bien. Ca aurait pu continuer jusqu’au bout de la nuit si les demandes de rappel n’avaient pas été ignorées par un manager avec une coupe de cheveu à la Skrillex. Ya pas de mystère.

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Night 4.

Dernier jour, dernière nuit, c’est maintenant qu’il faut tout donner. Dernier apéro sonore aussi. Samedi le thème c’est bal de rue. Le concept est simple, tu prend une ruelle bien longue, une sono bien grasse, plein de gens ultra-motivés et tu obtiens une rampe de lancement parfait pour l’ultime nuit, celle que tout le monde attend, celle du secret stage.
Car c’est ca l’événement de la soirée, une programmation spéciale 10 ans qui ne sera dévoilée qu’au fil de la nuit. Tout le monde y va de son pronostic quant aux artistes invités mais perso nous, on a entendu personne avoir la bonne combinaison.
Soirée événement oblige, on arrive sur les lieux assez tôt, le temps de s’apercevoir que deux membres des Black Lips sont présents pour balancer quelques disques de rock devant environ 15 personnes. Improbable en tout cas, on les recroisera peut être bourrés plus tard dans la soirée.
Pour le support et parce qu’on aime bien cette chanson, on va vite fait checker XXXY sur une scène annexe. C’est pareil ya pas grand monde, on sent bien que tout le monde est à fond sur le secret stage, et à vrai dire nous aussi. On y retourne et on le quittera plus de la soirée.
C’est Clara Moto qui ouvre le bal. La jolie blonde est propre, minutieuse et souriante. Tous les atouts pour conquérir un public déjà très chaud.
Après un maxi, des remixes et des sets partagés ensemble, quoi de plus normal que de voir le taulier qu’est The Hacker (Qui avait déjà ouvert le bal en début de semaine) avec le jeune loup Gesaffelstein (Qui apparament a loupé son avion).. Ces deux la s’adonnent gentiment à une surenchère de violence, tout en restant le plus blazé possible au niveau de leurs expressions. Swag de la techno.
Il fallait au moins un représentant de la scène lyonnaise dans les invités (Agoria ne compte pas vu qu’il a fait toutes les éditions depuis le début…), c’est Oxia qui y va de son Live, surfant sur la sortie de son album Tides of Mind. Il fallait aussi un ressortissant allemand, sinon pour une soirée techno ca la fout mal. Please welcome, Dixon ! Le niveau de la soirée ne baisse absolument et on quand même eu de la putain de qualité jusqu’ici. Alors que dire du set de Ricardo Villalobos !  Le plus perché et exotique des minimalistes. Il nous aura fait vibrer avec des lignes de basses toujours plus extraordinaires. On retiendra sa fin de set du feu de Dieu avec une série de deux sons arabiques pour passer la main à Brodinski. Bravant avec dodelinance et amusement, au dessus de sa tête, un improbable vinyl syrien. A l’instar du set de Paul K en 2010, de 2 Many DJ’s l’année dernière ou encore celui de Garnier en 2005. On sent qu’on est en train de vivre une soirée historique aux Brossettes. 4h-4h30 du matin, non ça ne peut forcément pas finir à 5h, on sait qu’ils vont arriver. Brodinski est là, mais il ne peut pas être tout seul. Le rétroprojecteur géant s’allume, le rideau tombe. Brodinski VS Agoria VS Garnier. EPIC!

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Tout le monde est à genou, les morceaux de bravoure s’enchaînent jusqu’à 7h du matin, on peux mourir tranquille.
C’est l’âme de gosses qu’on a l’impression d’avoir vécu un très bon Wrestlemania, d’avoir joué à Super Smash Techno Melee ou tout simplement vu un remake de The Avengers avec des dj-héros qui possèdent chacun, de fabuleux pouvoirs surnaturels tous plus différents les uns que les autres. Historique!
Merci les nuits sonores et à l’année prochaine…

Enfin presque, ce festival on a pas envie de le quitter, alors même sous la pluie, on va s’ambiancer un peu avant de reprendre le train. Et pour ca, quoi de mieux que le Soul Passage ! Ceux qui savent savent, la vibe electro funky est toujours présente, c’est ce qui s’appelle finir en beauté !

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Thomas BBN & Tristan