Roman Ondak, Keyhole, 2012, Deutsche Guggenheim
Autant l'exposition de Roman Ondak à Düsseldorf m'avait un peu déçu, autant celle (jusqu'au 18 juin) au Guggenheim Berlin (qui va bientôt fermer) m'a enchanté. Ici l'illusion est fine, élégante, discrète. La porte dans le mur ('Wall being a door'), le judas qui permet de voir les passants sur Unter den Linden ('Keyhole'), motif éternel ici détourné, et l'escalier infra-mince ('Leap') sont tous des objets enchanteurs, où l'oeil ne se laisse pas tromper, mais charmer. Le calendrier mécanique cassé de Le Corbusier montre un temps fracturé, et les photographies de files de gens qui attendent à la Une de journaux slovaques ('Awaiting Enacted') sont aussi des métaphores du temps, gelé.
Roman Onda‡k, do not walk outside this area, 2012, Deutsche Guggenheim
La plus belle pièce est sans contexte cette aile de Boeing 737-500 que nous avons tous vue un jour par un hublot, avec ces marques en cas d'évacuation 'Do not walk outside this area', interdiction et protection, signe inquiétant (et si on devait évacuer l'avion ?) et rassurant (tout est prévu !). Ici, une telle aile sert de passerelle entre deux salles de l'exposition, on a pour la seule fois de notre vie sans doute l'opportunité de marcher entre ces lignes, voire même de transgresser l'interdit, de franchir la ligne. A vrai dire, un peu mal à l'aise sur ce memento mori un peu convexe, on passe vite, sans s'attarder.
Roman Ondak, Balancing at the Toe of the Boot, 2010, Deutsche Guggenheim
On parvient alors dans une salle où Ondak et sa femme présentent leur voyage (fictif ?) en Calabre (l'extrémité de la botte), avec sept cartes postales et seize articles fictifs de journaux ('Balancing at the Toe of the Boot'), projet imaginaire de Francesco Bonami, narration imagée de la découverte de l'Italie, région par région, artiste par artiste : redécouverte d'endroits familiers. C'est cette utopie du quotidien, cette finesse conceptuelle qui fait le charme de son travail.
Photos 1&2 courtoisie du Deutsche Guggenheim.