Eric Zemmour ne pourra plus vendre ses petites doses de haine réactionnaire sur RTL. Heureusement pour la liberté d'expression, il ne lui manquera pas d'autres surfaces de vente. En général, je n'aime pas les mesures qui suppriment la parole à qui que ce soit. En revanche, si RTL estime que la nostalgie du petit blanc dans la moulinette de la provocation-spectacle ne genère plus le buzz recherché, c'est peut-être un signe du temps malgré tout positif.
Naturellement, la droite court à sa défense, ce martyr sacrifié sur l'autel de la bien-pensance. Quant aux blogueurs républicains (ceux qui ont décidé que tout ce qui est contre la gauche va dans le sens des valeurs républicaines), Zemmour, qui ne faisait que tâcler Taubira, était : "une indispensable bouffée d’air frais" et ils se demandent comment l'intolérance va continuer à s'exprimer.
(Vous pensez peut-être que j'exaggère avec "l'intolérance" ? Citons : "’il y a deux choses que nos médias de gauche ne supportent pas : l’intolérance, et ceux qui ne pensent pas comme eux." Qui défendra l'intolérance maintenant que Zemmour ? Quelle tristesse…)
Avant de s'indigner contre la pensée unique angélique et droits-de-lhommiste que le PS est en train d'imposer par la force, il peut être bon de revenir un peu en arrière pour voir dans quels combats l'ancien Président s'engageait avec la presse.
Souvenez-vous donc de Patrick Poivre d'Arvor ? Certes, ce n'était pas un dangereux gauchiste qui aurait oser s'attaquer à une institution comme l'intolérance. Il a quand même était débarqué, lui aussi, de sa chaîne pour avoir… attention : âmes républicaines sensibles, préparez vous mouchoirs, voire vos défibrillateurs… oui : il a dit que le Président de la République était "comme un petit garçon". Vous imaginez ?
Devant pareille provocation, François Hollande aurait aussitôt jeté le coupable sous le premier char soviétique venu, alors que, nous dit-on, Sarkozy le magnanime a attendu presque un an pour faire débarquer, malgré les hypocrites excuses de ce journaliste de pacotille :
Poivre d’Arvor envoie même un petit mot au président de la République. Il l’écrit au dos d’un signet coloré – dont il montre un autre exemplaire – illustré du Petit Prince et avec cette citation de SaintExupéry : « Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants. » Et n’obtient aucune réponse."
S'il pensait qu'il allait s'en tirer avec le Petit prince. C'est même pire ! (Notez que ZeRedac compare Zemmour lui-même à un petit garçon. Comme quoi…)
Il paraît qu'il y avait d'autres griefs, moins violents mais plus graves encore. Le Point explique en détail :
- "Selon les proches de PPDA, le candidat Sarkozy trouvait Poivre trop "royaliste" à son goût."
- "Le chef de l'État aurait également noté que le journal de TF1 ne couvrait pas assez ses déplacements."
- "Enfin, le chef de l'État n'aurait pas bien vécu le black-out imposé par Patrick Poivre d'Arvor sur "l'actualité heureuse" du Président. Pas d'images des vacances de Nicolas Sarkozy et Carla Bruni à Louxor, en Égypte (Noël 2007). Rien sur le week-end en Jordanie où le président et Carla Bruni visitent le site de Petra (le 5 janvier). Et rien non plus lors de la semi-officialisation du couple, à l'occasion d'un week-end à Euro Disney, le 15 décembre 2007, où Nicolas Sarkozy et sa conquête se laissent photographier."
PPDA l'a bien cherché, on peut dire.
À côté de ces agissements qui ont failli faire plier la République, ou pire, je comprends que la droite trouve léger de virer Zemmour pour des petites remarques haineuses, qui ne font de mal à personne. (Sauf les femmes, les Arabes, les noirs, les habitants des banlieues…)