Le gouvernement péruvien a décrété dans la nuit de lundi l’état d’urgence face à des manifestations de mineurs, pour la seconde fois depuis l’élection à la présidence du socialiste Ollanta Humala il y a 10 mois.
Espinar. Crédit Irradiador.com
La mesure, qui concerne la province d’Espinar dans le sud-est du Pérou, a été prise après 8 jours de heurts avec la police. Lundi, deux civils ont été tués et une cinquantaine de personnes blessées dont 30 policiers, selon le ministère de l’Intérieur. Pendant 30 jours, les garanties constitutionnelles concernant la liberté de réunion et de circulation sont suspendues.
A l’origine de cette radicalisation, l’échec des négociations du gouvernement de Ollanta Humala lundi matin avec le Front de Défense d’Espinar, qui accuse le groupe suisse Xstrata Tintaya de polluer les cours d’eau en exploitant une mine de cuivre et
Grands Projets
C’est la question de l’accès à l’eau qui se joue au Pérou, comme dans de nombreux pays d’Amérique Latine. Dans un pays qui compte parmi les mieux dotés en eau au monde selon l’Autorité Nationale de l’Eau péruvienne, 25% des 11 millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau courante. Un Plan National des Ressources Hydriques a été lancé à la fin des années 2000 face à cette réalité, mais les grands projets mis en
Pollution et opposition
En mars, le Défenseur du peuple péruvien Eduardo Vega a déclaré que sur 152 conflits sociaux cette année, 133 sont d’origine environnementale, “à cause de l’augmentation des investissements dans l’industrie minière.” Les dialogues ne donnent rien, le gouvernement cherche à gagner du temps pour empocher les bénéfices de cette nouvelle manne, mais pendant ce temps la colère s’accumule.
Jeudi dernier une nouvelle grève générale a été décidée à Cajamarca, contre le projet Conga de l’Américain Newmont. Les grèves et blocus ont débuté à la mi-novembre 2011
Ollanta Humala doit affronter ses contradictions. Il a promulgué en septembre 2011 une loi qui rend obligatoire l’approbation des communautés locales pour l’implantation d’une nouvelle mine, et s’est prononcé pendant la campagne électorale en faveur de mécanismes de consultation populaire, au point mort. Le conflit minier concernant 2000 employés de la raffinerie Doe run à La Oroya dans le centre du pays n’est toujours pas résolu, 4 ans après les premières amendes pour pollution. La Oroya est l’un des dix villes les plus polluées au monde, en particulier avec le plomb et l’arsenic.