C'est le National Health Service britannique qui alerte sur le trafic de reins, un trafic en plein essor selon une enquête publiée dans le journal britannique The Guardian, basée sur des données de l'Organisation mondiale de la Santé. Ainsi, près de 10.000 transplantations illégales de reins se produiraient chaque année dans le monde, pour un tarif allant de 5 à 150.000 euros par organe cédé.
The Guardian révèle ainsi l'existence d'un réseau illégal de trafiquants d'organes, réalisant d'énormes profits en achetant les reins de personnes vulnérables en Chine, en Inde et au Pakistan et les revendant à des personnes riches en attente de greffe. Le NHS rappelle évidemment tous les risques d'une greffe illégale, et au-delà des risques liés à la complexité de l'opération, les effets secondaires possibles, comme le rejet ou l'infection.
La pénurie d'organes est une réalité dans la majorité des pays. L'OMS estime à 100.000 le nombre de patients en attente de greffe de rein aux Etats-Unis. En France, on dénombre un greffon rénal disponible pour 4 patients qui en auraient besoin, avec une tendance à une aggravation de la situation (moins de 3.000 greffes réalisées par an pour plus de 10.000 insuffisants rénaux). Au Royaume-Uni, le NHS estime que plus de 10.000 personnes sont en attente de greffe et que 1.000 patients décèderont par manque d'organes disponibles. L'écart entre le nombre de dons d'organes et le nombre de personnes en attente d'une greffe est en augmentation, en particulier en raison de l'augmentation de certaines maladies chroniques comme le diabète.
Le trafic représenterait 10% des greffes réalisées : L'Organisation mondiale de la santé a défini dans la « Déclaration d'Istanbul », les principes qui devraient présider au don d'organes et à la greffe, rappelant que les transplantations d'organes, de cellules et tissus doivent être guidées par des critères cliniques et des normes éthiques et sans aucune compensation monétaire. Mais, selon ses chiffres retransmis par The Guardian, 106.879 organes auraient été transplantés en 2010 dans 95 Etats membres de l'OMS, répondant à seulement 10% des besoins mondiaux et sur ces greffes, une sur 10 aurait été réalisée illégalement, avec vente d'organe « au marché noir ». Les reins représenteraient jusqu'à 75% du trafic mondial d'organes.
En France, de nombreuses études confirment une qualité de vie des greffés nettement meilleure que celle des dialysés, y compris chez les sujets âgés. L'Agence de la Biomédecine souhaite donc pouvoir améliorer l'accès à la greffe, en particulier en informant public et professionnels sur les dons du vivant, et favoriser ainsi son développement.
Sources: NHS, The Guardian, May 28 2012 Illegal kidney trade booms as new organ is 'sold every hour', OMS Declaration of Istanbul on Organ Trafficking and Transplant Tourism, 2008 pdf(Visuel Agence de la Biomédecine)
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