Afin de varier les plaisirs, cet été je vais tenter de me lancer dans une petite chronique régulière (je ne vous assure pas qu’elle sera là tous les jours, car il faudrait en trouver des tonnes de sujets à épiloguer). Il s’agit de « L’humeur ». Je vais y parler de séries ça, c’est sûr, mais de toutes sortes de choses. Cela pourra s’apparenter à des bilans, je pourrais vous parler de mes revisionnages de vieilles séries grâce à mes centaines de DVD qui prennent une poussière monstre sur mes étagères, … Tant de choses à vous raconter. Afin d’ouvrir le bal et parce que cette année a été une année difficile pour ce qui est de la perte de séries, j’ai tenté d’établir les 7 étapes du deuil… d’une série. Rien de morbide dans ce que je vais dire, nous ne sommes pas dans Bones. Je tente de vous rassurer.
Etape 1 – Le Choc. Qui n’a jamais été surpris de l’annulation d’une série. C’est le moment où le téléspectateur est sidéré par l’idée que la série qu’il a pu aimer pendant une semaine, une ou dix années prend fin tout d’un coup. Cette année on aura eu l’annulation de House par exemple, ou même celle de l’incompréhension la plus totale : Harry’s Law. C’est difficile d’encaisser l’annulation d’une série. Quand j’ai appris que FOX ne renouvellerait pas House, ne lui laisserait pas le choix d’une fin digne (car il faut bien avouer que la saison 8, aussi sympa était-elle, n’allait pas vers la fin de la série). Même si la série aura su trouver les mots justes pour sa propre fin (parfaite à mes yeux), j’ai l’impression que tout est allé bien trop vite. L’annulation de Harry’s Law fût également choquante. Les scores n’étaient pas bons sur les 18-49 ans (cible commerciale), mais elle cartonnait chez les plus âgés. Encore une fois, la loi des audiences fait des ravages. Mais elle est bien plus sévère que l’on ne pourrait le penser.
Si l’on remonte les années, je pense que l’on peut en vouloir à FOX de ne pas avoir laissé sa chance à Firefly, l’excellente série de western SF de Joss Whedon. Je l’ai encore en travers de la gorge même si le créateur a eu la chance d’avoir un film pour clôturer sa propre série, ce que beaucoup de séries n’ont pas. L’annulation fût un choc, de même que celle de Reaper, série de The CW. Il s’agit d’une des meilleures productions de la chaîne (depuis ses débuts en 2006), et tout simplement parce que Dawn Ostroff, directrice des programmes de la chaîne n’aimait pas la série, elle est passée à la trappe. Certes, les audiences n’étaient pas toujours exceptionnelles, mais une annulation de plus que l’on ne peut que ne pas comprendre. Des annulations chocs, vous en voulez encore ? Je pourrais faire une liste (pas forcément exhaustive puisque les goûts ne chacun ne serait pas respectés) et y ajouter V (2009), un remake assez moyen à ses débuts mais qui aura su saisir sa chance en seconde saison. Malheureusement, ABC n’aura pas voulu donné une seconde chance à une série qui le méritait (ce fût déjà le cas de Women’s Murder Club). Des annulations choc…
Etape 2 – Le Déni. C’est une étape logique du deuil. On refuse forcément de croire à l’information tant qu’elle reste une rumeur (et même quand elle est confirmée par des médias tel que le très respecté Deadline on ne veut pas se l’avouer). On conteste donc l’annulation, jusqu’à maudire tous les responsables de la chaîne et les responsables des autres chaînes (parce qu’ils n’ont pas bougés le petit doigt pour la récupérer). On tente alors de faire un déni au fond de soit, en se disant que la série reviendra sous une autre forme (Veronica Mars par exemple), ou bien avec un film (on attend toujours que FOX produise celui adapté de 24… et c’est une erreur de le laisser au chaud comme ça). Puis il y a la discussion extérieure, où l’on tente même de convaincre les autres que la série reviendra peu importe les moyens qu’il faudra mettre en œuvre. On pense déjà aux tonnes de sandwich Subway que l’on pourrait envoyer à NBC pour qu’elle n’annule pas Chuck, les tonnes de cacahuètes que les fans ont envoyés chez CBS pour avoir une seconde saison de Jericho (et ça avait fonctionné), …
Les idées fusent, l’annulation est cependant toujours belle et bien là. On se réfugie alors dans l’idée qu’une autre chaîne (celles du câble), voire même les plateformes de VOD comme Netflix puissent reprendre la série que l’on aime tant.
Etape 3 – La colère. On se révolte contre la chaîne qui diffusait la série, les producteurs qui n’ont rien fait pour la sauver coûte que coûte. On pense que la chaîne est contre le téléspectateur et qu’elle a annulée la série uniquement parce qu’elle ne lui plaisait pas, ou qu’elle ne collait pas avec le reste de la grille et du coup, elle a été remisée dans un trou afin de la couler assurément. Il y a quelques exemples de séries qui n’ont pas fonctionnée car aucune chaîne n’a voulu lui donner sa chance. En fait, la personne est confrontée à l’impossibilité d’un retour à la situation première (celle de sa série encore à l’antenne). Elle doit faire le deuil, et passer par de nombreuses émotions : reproches, remords, ressentiments, dégoûts, et même de la répulsion, de la séduction ou même des agressions. Je pense que l’on peut prendre le cas de Dead Like Me, annulée par Showtime alors que Bryan Fuller avait été évincé de son bébé après une saison. Dû à une chute de la qualité, la série n’a pas été renouvelée. Sans compter le départ de Mandy Patinkin et les déboires entre MGM (le producteur) et Bryan Fuller (le créateur). La chance pour les fans aura été la MGM qui a produit un Direct-to-DVD afin de conclure la série (même si ce dernier n’était pas totalement bon).
Episode 4 – La tristesse. On passe tous par ce stade. On est dans un état de désespérance. On peut alors se dire « Ce n’est pas juste, pourquoi ils m’ont fait ça à moi, qu’est ce que je vais devenir sans cette série ? ». Forcément, on exagère un tout petit peu, mais la tristesse permet de passer à autre chose. J’ai été triste quand FOX a décidé d’annoncer que Fringe n’aura pas de saison 6 (même si je suis content que la chaîne lui ait donné l’opportunité d’avoir une saison 5 et dernière, un joli cadeau aux fans). Mais la tristesse, je l’ai aussi vécu à plusieurs autres reprises par le passé. Je pense à Veronica Mars, qui n’aura jamais eu de vraie fin, à mon grand damne. L’idée d’une Veronica au FBI m’avait tellement excité, le pilot-presentation également, mais rien, même pas un film. Le souci ? Warner ne veut pas rendre à César (Rob Thomas) ce qui appartient à César (les droits de la série). Qui n’a pas été triste à l’annulation d’une série qui a aimé ? Le pire ? Quand la série se termine sur un cliffangher arracheur de dents (Tru Calling ? John Doe ? Ca vous dit quelque chose ?). L’une des annulations qui me rend le plus triste c’est celle de Point Pleasant, seulement treize épisodes. Pas un de plus.
Etape 5 – La résignation. On a tellement débattu que l’on a plus de force. On est épuisé par la bataille qui n’aura pas fonctionnée. On abandonne. On pense que l’on a tout essayé pour sauver notre série, et l’on n’aura plus aucune chance de voir la suite un jour. On va alors se dire que c’est la vie, et qu’une autre série (peut être encore meilleure) viendra prendre le relai la saison prochaine (même si encore au fond de nous, on a un pincement au cœur à l’idée de ne plus voir d’épisodes inédits). Et puis il y a les DVD que l’on peut se faire en boucle encore et encore (mon marathon annuel de Veronica Mars ne devrait tarder). Il y a toujours des séries où j’ai plus de mal à dire au revoir qu’à d’autres mais c’est la vie, c’est comme ça. Ce fût pour moi le cas avec Rubicon ou encore Arrested Development. Et finalement, Netflix va produire une saison 4 pour la série, et un film est en marche. Si ça ce n’est pas du rêve…
Etape 6 – L’acceptation. A ce moment là on accepte d’avoir perdu la série. Avec cette étape on est capable de se remémorer les meilleurs moments de la série, et de se dire qu’elle a bien vécu et qu’elle aurait pu choisir un chemin mauvais la saison suivante et du coup, aurait pu nous dégoûter de son renouvellement. Cette période arrive souvent en septembre avec l’apparition des toutes nouvelles séries, avec l’espoir de trouver chaussure à notre pied. J’ai réussi à faire le deuil de certaines annulations grâce à de bonnes nouveautés. Par exemple le triptyque de J.J Abrams. A la fin d’Alias j’avais Lost, et à la fin de Lost j’avais Fringe. Maintenant que Fringe s’arrête l’an prochain, j’espère avoir Revolution (il ne fait que produire ce coup là) pour prendre la relève. Le grand fan de SF et de fantastique que je suis a rarement de chance à la télévision, les scores de ce genre de séries étant souvent anémiques une fois passé quelques épisodes.
Etape 7 – La reconstruction. Il ne suffit pas d’accepter l’annulation, il faut aussi se reconstruire. Comme je le disais dans l’étape précédente, la nouvelle saison apporte de nouvelles choses afin de nous faire oublier le goût amer estival.
Maintenant que vous avez le guide du deuil de l’annulation de la série… vous pouvez tenter de voir où vous en êtes sur cette échelle.