Ses yeux m'ont dit la peur de la ville. La peur des lumières, des bruits, des magasins et des gens qui sont partout et nulle part à la fois. Ses yeux m'ont dit les rêves, la liberté et l'amour des forêts.
Tout au fond de ma poitrine, ses yeux ont caressé mon coeur.
Alors j'ai noué mon écharpe rouge autour de son cou et j'ai amené le loup chez moi.
C'est une histoire d'amitié qui fait mal, une histoire d'hommes en colère et d'un monde qu'on découvre teinté de violence et frappé par la peur. C'est aussi une histoire d'animaux qu'on met en cage, d'animaux qui rêvent de liberté pour donner de la couleur aux villes.
C'est une histoire triste, une histoire grise, une histoire meurtrie, une histoire avec une écharpe rouge qui vole au vent, au nez et à la barbe des mécontents, une écharpe rouge qui rappelle une rencontre et qui devient comme un aveu. Le signe d'une impuissance et d'une indignation.
C'est une lecture coup de poing, une lecture qui vous retourne la tête, une lecture qui fait de la peine. On y trouve des mots vrais, des mots forts, des regards qui se perdent, des sourires qui se tordent, des visages qui se ressemblent. C'est beau, c'est vrai mais ça vous rend chagrin et amer.
Le loup sous le lit, par Stéphane Servant & illustrations de Benoit Morel (Oskar, coll. Trimestre, 2012)