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Être susceptible

Publié le 18 mars 2008 par Jcgbb

Les êtres humains sont-ils faits pour vivre ensemble ? Considérant les attributs de l’homme, on reconnaît à la fois un vivant étonnamment politique et un sombre animal guerrier. Dans ces conditions, comment la vie en société et la paix civile seront-elles possibles ?

D’un côté, le merveilleux pouvoir du langage, qui ne sert pas seulement à échanger des informations, à donner et à recevoir des ordres, bref à diriger l’action en train de se faire ; mais à mettre un projet en discussion, à délibérer, à décider ensemble de ce qu’il faut faire. Le langage est en ce sens une faculté politique éminente.

D’un autre côté, l’inquiétante puissance des passions. On sait l’homme enclin à user de violence pour s’emparer de ce qu’il convoite et pour défendre sa personne et ce dont il s’estime le maître. Il suffit d’attenter à la propriété privée pour déclencher à coup sûr de furieuses réactions.

Mais le plus à craindre est cette espèce de fierté, qui rend si sensible aux moindres marques de mépris. Un rien peut déclencher une bagarre : un sourire, un regard, un sous-entendu. Moquez-vous de leur métier ou de leur nom, insultez leurs parents, leur pays, vous les verrez bondir, et se venger.

Tels sont les hommes, habiles à discourir et susceptibles, capables de s’entendre par la parole comme de se nuire par toutes sortes de violences dès qu’ils se sentent visés, ou pris de haut. Voilà cet animal loquace et querelleur, cherchant son semblable et s’en défiant comme d’un dangereux railleur.

La parole était pour Aristote le signe que par nature les hommes sont sociables. Rivalité et susceptibilité sont aux yeux de Hobbes la preuve de leur profonde insociabilité.


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