Aux yeux du monde entier, l’Europe est le maillon faible, enlisée dans une crise de la dette dont elle ne sort pas, hypertrophiée par un trop plein de pays qui ne peuvent fonctionner ensemble, ankylosée par des « politicrates » nationalistes et/ou conservateurs et/ou réactionnaires qui n’ont aucune vision, n’inventent rien, ne se régénèrent pas, tournent en rond.
Conséquence, différentes élections dans des pays européens ont fait émerger des tentatives d’alternatives : le populisme de gauche et de droite en France et en Grèce, le parti Cinq Etoiles en Italie, le parti Pirates en Allemagne, etc. Toutes ces oppositions ne sont évidemment pas à mettre dans le même panier (le totalitarisme fétide des Le Pen et Mélenchon n’est pas comparable avec l’activisme sympathique du comique Beppe Grillo ou du criminologue Bernd Schlömer, tous deux recyclés en politiciens), cependant, le choix des électeurs penche vers des extrêmes à cause de l’incapacité des gouvernements en place à résoudre les problèmes, à refuser de sortir de la démagogie électoraliste, à dénier l’obligation de refondre de fond en comble un système à bout des souffle (en cela le nouveau locataire de l’Elysée en est la caricature, triomphant avec ses certitudes socialistes totalement ringardes).
La nature ayant horreur du vide idéologique, des supposées alternatives tentent alors de prendre le pouvoir. J’écris « supposées » car ces partis n’ont pas plus d’idées pertinentes que leurs devanciers, sinon celle de prôner le chaos, la révolution, la guerre civile…
Le journaliste et économiste Jean-Michel Contrepoint, auteur de nombreux ouvrages aussi passionnants que désespérants, constate que le modèle démocratique occidental a dominé pendant grosso modo 300 ans et qu’il est totalement dépassé. Il remarque que les Chinois dessine le profil des Etats dominants de demain, un profil basé sur un modèle autoritaire qui octroient quelques droits contingentés, et un régime pérenne qui n’a pas à subir les alternances démocratiques tous les 4 ou 5 ans qui nuisent à la construction à long terme. En substance, les libertés individuelles qui nous ont apporté un sentiment de bonheur sont aujourd’hui notre malheur.
On est en droit de douter de la bonne voie de la Chine, première puissance mondiale en devenir, mais il est clair que nous Européens devons nous interroger sur notre non intelligence politique si nous ne voulons pas vivre dans ce que j’appellerais des « démocratures », des dictatures démocratiques où des semblants de liberté voudraient adoucir la violence d’un régime totalitaire. Aux élus d’être imaginatifs et de se réinventer, aux citoyens d’être moins égoïstes et plus exigeants…