« La vie est trop pénible pour qu'on puisse la supporter sans béquilles. Le problème, c'est le fric et le capitalisme. On ne veut pas que les petites gens aient accès à ce genre de substance. Où les patrons trouveraient-ils leurs esclaves, si tout le monde planait ? »
Dans ce récit dont l'action se situe essentiellement à Tel Aviv, le lecteur suit le narrateur, un agent de renseignement des services secrets israéliens de la section anti-terroriste. Ce dernier, malgré les conseils de son supérieur direct, ne compte plus ses heures de boulot. Il néglige femme et enfant. Surtout, il devient un autre, radicalement différent de celui qui avait été recruté après l'assassinat de Yitzhak Rabin. Son travail occupe quasiment tout son temps et surtout toutes ses pensées.
« on a besoin de gars comme toi, m'a-t-il dit. Pas de têtes brûlées. Des gars qui aiment leur pays sans cruauté. Je ne cherche pas quelqu'un qui hait les arabes. En ce qui me concerne, tu peux les aimer autant que tu veux.»
Les victimes des attentats, les bombes humaines et leurs proches, ses méthodes de travail, ses propres dérapages l'obsèdent. L'agent est devenu un missionnaire où la fin l'emporte sur les moyens, où sauver des vies revient à abîmer ou à ôter d'autres vies, où le respect de l'autre devient très relatif...
« Aujourd'hui, ce sont les fous qui sont aux commandes et eux se fichent de la mer. Ils réclament des montagnes.»
L'obsession sécuritaire de la société israélienne traverse, travaille et enferme ce type jusqu'à le rendre malade. Paradoxalement, c'est au cours d'une infiltration auprès d'une écrivaine israélienne, de son fils héroïnomane et d'un vieux poète palestinien à qui il ne reste plus que quelques jours à vivre que le doute s'insinuera en lui...
L'auteur a su créer une atmosphère particulière autour de son personnage qui prend le lecteur dès la première page jusqu'à la dernière. Un roman noir passionnant.