Stance II - Ô sensei, Catherine Diverrès
Publié le 29 mai 2012 par Onarretetout
Colonne vertébrale, naissant sous la nuque et disparaissant sous la robe, la lumière vient se baigner dans la sueur et les mouvements de la danseuse me donnent l’impression de me soulever de mon siège. Une sorte de vertige, de perte d’équilibre tandis que la danseuse penche, tombe, se relève. Lentement, intensément. Jusqu’à choir, face contre terre. Et que la main reprenne appui sur le sol, et que la femme allongée reconquière sa position debout, stans, visage effacé, corps dansant encore. C’était Stance II, un solo créé en 1997 par Catherine Diverrès et interprété ici par Carole Gomes.
La mise en place est simple : un rectangle blanc devant un fond noir. Catherine Diverrès arrive, habillée en homme, presque en enfant sérieux,
cheveux noirs plaqués, s’immobilise devant l’écran blanc, face au public. Musique assourdissante, voix hurlantes. C’est en moi que ça remue. Morts qui appellent. L’enfant homme se met en mouvement quand la musique cesse. Drôles de mouvements, petits pas, tentative de danse, un enfant vieilli, qui disparaît pour laisser venir l’ombre sur le mur blanc, le masque, la figure, démultipliée, surexposée, en négatif : cheveux blancs, visage terreux,
spectre ouvrant les bras, tournant, vêtu d’un kimono, image (hommage) de Kazuo Ohno,
ô sensei (le maître). Et Catherine revient, sous un large kimono au bas duquel on voit un tissu rouge. Elle revient devant l’écran de nouveau blanc, dos au public. S’agenouille, se recroqueville. Je ne sais plus quand la voix d’Ingrid Caven chantant un
Ave Maria déchirant monte, et quand Catherine Diverrès retire le kimono sombre pour se lever dans une robe rouge étincelante, colonne vertébrale naissant sous la nuque et disparaissant sous la robe. Debout, dansant, trouble de l’homme ou de la femme, elle devenant lui devenant elle et disparaissant comme une image s’efface. Persistant sur ma rétine.
J'ai vu ce spectacle au Centre National de la Danse à Pantin (93).