Mais ce qui nous occupe plus particulièrement ici, c’est la musique. Et dans Laurence Anyways , son utilisation est proprement prodigieuse. L’action du film-fleuve se déroulant sur dix années, à cheval entre les années 1980 et 1990, la bande-son est à l’avenant. Mais même si les grands succès se succèdent, Dolan ne convoque pas uniquement les chansons en temps que marqueurs temporels. Choisies avec recherches, elles accompagnent le personnage principal dans sa quête initiatique en créant des univers magnétiques, prenants, entiers. Le réalisateur n’hésite pas à donner à la musique le premier rôle dans de fabuleuses séquences qui feront date, comme dans cet extravagant bal au son de Fade to Grey de Visage. Dans Laurence Anyways, la pop made in Quebec de Jean Leloup, Julie Masse ou Mitsou côtoie allègrement des sons alternatifs beaucoup plus récents comme ceux de Fever Ray. Mais une place de coeur est accordée à la cold/new wave à travers deux pépites obscures de deux groupes célébrissimes. Tout d’abord Duran Duran : le super “groupe de stade” dont la musique relève davantage de la power pop pour midinette 80′s que de la froideur glacée. Pourtant, leur deuxième album Rio (1982) contenait une entêtante ballade à la mélodie inquiétante : The Chauffeur. Étonnant, non ? Quant à The Cure, ils proposaient sur notre favori Faith (1981) un énième hymne symphonique à la déprime : The Funeral Party, aussi envoûtant que ténébreux. Deux trésors que nous vous proposons de redécouvrir aujourd’hui, seuls ou accompagnés de magnifiques images. On dit merci qui ? Merci Xavier Dolan !