La techno est une musique black.
Absolument madame. Ces sons froids, mécaniques, robotiques même, qui ont fait danser l’Europe puis le monde entier, ont germé durant les années 80 dans l’imagination de jeunes musiciens
noirs des ghettos de Detroit, Michigan, enracinés dans la soul, le funk, la disco, le jazz, le hip hop naissant et cet ancêtre de la techno qu’on appelle electro (rien à voir avec le terme
fourre tout qu’on utilise aujourd’hui pour définir l’ensemble des musiques électroniques). Aux destinées de ces musiques préside un concept commun : l’afro-futurisme, courant artistique né
dans les années 60 sous l’influence de musiciens noirs aussi divers que Georges Clinton, Sun Ra ou Lee Scratch Perry. L’afro-futurisme, c’est en quelque sorte le « retour à l’Afrique »
des afro-centristes sublimé grâce à la science-fiction en un « retour aux étoiles », perçues comme la matrice originelle du peuple noir. Sun Ra notamment, se déclarait le plus
sérieusement du monde saturnien. Il faut préciser que l’individu, par ailleurs jazzman de génie, était un fervent consommateur de drogues psychédéliques, et que Perry et Clinton ne donnaient
certes pas non plus leur part au chien, mais au delà du folklore allumé demeure le traumatisme d’un peuple arraché à sa terre d’origine, Saturne ou Jupiter figurant bien évidemment l’Afrique
nourricière et les vaisseaux extraterrestres les galions esclavagistes. LIRE LA SUITE...