Ces initiatives n'apporteront aucune révolution dans le secteur mais elles permettront enfin de clarifier une situation qui était pour le moins floue, jusqu'à maintenant, en termes de conformité des terminaux mobiles aux standards. Il était largement temps puisque, comme le rappelle MasterCard, 1,2 millions de ces nouveaux systèmes ont déjà été déployés, dont 3/4 auprès de commerçants qui n'acceptaient pas le paiement par carte auparavant.
Dans la même veine mais avec un peu plus de clairvoyance, l'Association des Banquiers Canadiens vient, quant à elle, de publier des lignes directrices pour le paiement par mobile en point de vente, englobant donc l'ensemble de la chaîne, du consommateur au commerçant. Elles ont pour vocation de fixer un ensemble de règles à respecter (pour la sécurité, notamment) tout en favorisant l'innovation et la compétition entre les banques. Le document [PDF] proposé s'avère très clair et extrêmement complet, et pourra aisément constituer une référence dans le domaine, au-delà des frontières canadiennes.
Les fournisseurs spécialisés de logiciels de point de vente sont aussi de la partie, avec 4 nouveaux partenariats qui permettent de cibler les petits et moyens marchands américains. Enfin, 15 détaillants nationaux (dont quelques enseignes prestigieuses telles que Barnes & Noble, Toys'R Us ou encore Office Depot) viennent rejoindre le premier "expérimentateur" Home Depot pour asseoir la crédibilité de PayPal dans le commerce "en dur".
Ces nouveautés nous donnent aussi l'occasion de signaler les premières apparitions de la carte "pure" PayPal. Celle-ci n'est pas une carte de paiement classique et elle opère en dehors des réseaux Visa et MasterCard. En réalité, il s'agit simplement d'une carte d'identification dont le passage dans un lecteur équivaut à donner son adresse mail ou son numéro de mobile au commerçant, pour réaliser la transaction.
Cette petite innovation permet à PayPal, comme à son habitude, de s'intégrer dans les écosystèmes existants, sans imposer de nouveaux équipements, grâce à une simple mise à jour logicielle.
Tout d'abord, la progression du nombre de téléchargement est stupéfiante, puisqu'il atteint 700 000 le 16 mai, soit 200 000 de plus qu'une semaine auparavant ! Autre surprise du côté des chiffres : alors que la banque visait un montant moyen échangé de 25 £, il s'établit en fait à 75 £.
Mais le plus intéressant est l'esquisse d'un modèle économique pour ce porte-monnaie mobile. L'idée serait de proposer aux commerçants de disposer d'un "raccourci" au sein de l'application, permettant ainsi à leurs clients de régler un achat en saisissant (ou en sélectionnant dans une liste) leur nom ou un "mot clé" qu'ils auront choisi. Le dispositif est complété par des codes QR, distribués par Barclays, permettant de payer d'un simple scan du code. Simplicité et valeur ajoutée, l'équation est brillante !
Dans les deux cas, le principal facteur de succès est certainement, comme le souligne Chris Skinner, la simplicité d'utilisation de ces applications. Mais il faut, à mon avis, y ajouter deux ingrédients indispensables pour concrétiser la réussite : la valeur apportée aux utilisateurs (et, pour les 2, la possibilité de payer des "micro-commerçants", artisans... est la clé, avec l'immédiateté des transferts) et la gratuité. Si elle est indispensable, celle-ci ne doit pas faire peur car il sera toujours temps de monétiser des services additionnels (comme le tente Barclays).
Et cette longue attente pour quel résultat ? Un simple système de virement, avec identification du bénéficiaire par son numéro de mobile ou son adresse mail, exécution en 1 à 3 jours et, comble du ridicule, une restriction (qui sera levée ultérieurement...) d'envoi d'argent aux seuls clients des 3 banques partenaires ! Le raté se passe de commentaires...
Et encore, je pense que n'est pas encore arrivée l'heure du scénario catastrophe qu'évoque Brian Riley, analyste à CEB TowerGroup, estimant que la plupart des banques ne disposent pas de l'infrastructure nécessaire pour supporter ces nouveaux moyens de paiement, qui risquent de faire exploser le nombre de transactions à traiter, tout en faisant face à une demande de fonctionnement en temps réel de la part des consommateurs.
O2 Wallet veut être tout à la fois et il est un peu difficile de comprendre son réel positionnement. Il semblerait que le cœur en soit un système de carte dématérialisée pour les paiements sur les sites de m-commerce (commerce mobile), auquel s'adjoignent d'autres fonctions, par exemple de transferts P2P (de personne à personne), de "m-shopping" ou de recherche de promotions. Si on ajoute à ce portrait les frais de transactions (notamment 15 pence par transfert P2P), ce porte-monnaie va avoir du mal à lutter contre la simplicité et la gratuité de Pingit...
Monumental, ce retard : le déploiement du paiement NFC dans les transports londoniens est retardé d'un an. Les jeux olympiques, qui devaient être un tremplin pour la technologie, se voient ainsi amputés d'une bonne partie de la démonstration attendue. Finalement, ce n'est que l'éternelle histoire du "sans contact" : la généralisation est toujours pour l'an prochain... depuis 5 (10 ?) ans...
Et pendant ce temps, les solutions qui progressent rapidement, qui offrent une expérience simple et utile à leurs utilisateurs, conquièrent des milliers de clients en un temps record. Plus que jamais, les places pour les moyens de paiement du futur se jouent maintenant.