Duvel Blues, un festival dont les fondements remontent à 1996, lorsqu'une bande de potes décident d'organiser des concerts blues dans les bistrots ou salles paroissiales de l'entité dirigée par un certain Koen Van den Heuvel ( une honte ce nom quand on sait qu'à Puurs on fabrique la Duvel que tu peux pas comparer à de la bête tafelbier), l'idée germe de lancer un véritable blues festival et, d'année en année, l'affiche est de plus en plus imposante.
Tu hésites pourtant quand fotoman Luk te propose de l'accompagner à Puurs, en 2005, tu assistas à un très chouette festival, mais tu eus toutes les peines du monde à regagner la capitale... la Duvel, une signalisation fantaisiste, le GPS n'existait pas, bref, tu t'es paumé dans la campagne où grandit une espiègle enfant, nommée Annemie Turtelboom, lorsque par hasard ton carrosse longea le Fort de Breendonk, tu eus des cauchemars et décidas à l'avenir d'oublier le Duvel blues.
Michel, ik rijd wel, m'a fait changer d' avis et comme Luk, un vague cousin de Francis Coppola, est du genre Spa Blues, tu te dis que tu retrouveras sans problèmes le lit conjugal.
14h40' file à l'entrée de l'idyllique Hof van Coolhem, aanschuiven a.u.b, armé de nos bandelettes mauves on prospecte les lieux.
Inévitablement on tombe sur 150 connaissances, dont trois équipes de Keys & Chords, les ennemis de Rootstime et quelques autres journalistes ou photographes au nez rouge et à la descente vertigineuse... le 26 mai 2012, le jour de tous les dangers!
Et Luk?
Il a repéré une grande blonde, mensurations Dolly Parton, qui vend des hamburgers en les sauçant généreusement de ketchup curry, il m'a supplié de ne pas le signaler!
L'organisation sera impeccable de bout en bout, à 15h, richting chapiteau pour:
Elmore, comme Elmore James?
Daniel Droixhe, licencié en philologie romane et prof d'unif, n'est pas né du côté du Delta, il n'est pas de descendance mauresque, le bonhomme naquit à côté d'une fabrique d'armes du côté d'Herstal.
Tout petit , un sale microbe s'attaque à ses cellules: le blues, le vrai, celui d'Elmore James, Tampa Red ou T-Bone Walker.
Le valeureux D a sorti 5 cd's, dont certaines plages sont chantées en mosan.
Sur scène, assis sur un tabouret, il slide à gogo tout en psalmodiant d'une voix noire son blues authentique.
Les mecs qui l'entourent sont à classer dans la catégorie cracks: Big Dave et son harmonica, c'est déjà une tête d'affiche- guitare: Gilles D, son rejeton- Patrick Indestege, basse et Franky Gomez, batterie.
Un Texas blues suintant pour ouvrir, Daniel en picking, la resonator on his lap ' Drop down mama', suivi d'un stomping Bentonia Blues aux accents pre-war prononcé.
Big Bill Broonzy ' Why did you do that to me' , nous voilà projeté dans un juke-joint enfumé en début d'après-midi, c'est là toute la magie dégagée par Elmore D et ses comparses.
L'harmonica suinte, les guitares gambadent, la voix nourrie au moonshine implore... babe, don't shout to others..
Le standard' Baby please don't go' avec solo de contrebasse, puis un slow blues social et enfin le traditional ,à la twelve-strings, un hommage au hobo anversois, Ferre Grignard ' What shall we do with the drunken sailor', une version matelot bourré époustouflante.
Ovations!
Au pas de course vers le second podium, in de schuur: Lubos Bena ( and Peter Bonzo Radvanyi).
Sur scène un gars doté d'une fine moustache et d'une coupe Brian Jones ( d'un beau roux slovaque) , il est armé d'un dobro et s'exprime en anglais aussi exotique que le flamand de Laurette, pas celle de Delpech, Laurette O.
I'm sorry not to speak Belgian, nous non plus, comique: this is a song about girls, 'Sweet woman blues' de Sonny Terry.
Je vous ai bien eus, hein, suis pas Lubos, le voilà, le Bena ( il prend place derrière une grosse caisse tout en agrippant une resonator), nous allons vous interpréter une collection de vieux blues à la manière de Blind Lemon Jefferson ou Robert Johnson, le tout agrémenté d'une sérieuse pointe d'humour.
Le duo qui participa au second European Blues Challenge à Berlin, en mars, a facilement conquis le public par son approche humoristique et l'authenticité de son acoustic blues .
Blues is about drinking, travelling, jail, women ... ils nous ont tout servi, plus un titre de la plume de Lubos, écrit à une époque où celui-ci était assez enveloppé, 'I had no hunger' .
Mention spéciale pour 'No expectations' des Stones, les oenologues ont préféré 'Drinkin Wine' , les amateurs de roseau: Jimmy Reed ' You got me runnin'!
Good job, chaps!
King King featuring Alan Nimmo
Comme prévu la première grosse baffe qui fait très mal.
Kilts on the run avec Alan Nimmo ( des Nimmo Brothers) et ses sujets: Lindsay Coulson on bass, Craig Blundell on drums et le petit blond, Bennett Holland, on piano.
En décembre 2011, King King avait enthousiasmé le Montmartre à Ixelles, rebelotte à Puurs.
Ce sont des monstres!
Pour ouvrir: ' Lose control' , sous le chapiteau il y a déjà une douzaine de joyeux ayant perdu tout contrôle.
Daniela, la booker des solides Ecossais, gigote comme une groupie adolescente.
Pas de pause, les bûcherons enchaînent sur un blues rock hargneux .
A peine terminé, un zozo enduvelé hurle: we want more , il sera servi , le funky ' Don't you get the feeling', aux accents Stevie Wonder.
Tout le monde sait que Fons aime les belles jambes, son Nikon est branché sur le mini-kilt du bassiste, personne ne lui a dit que c'était un mec.
A brand new one: ' A long history of love', premier slow blues qui tue.
Du dégoulinant, ' Heart without a soul', puis du swing blues permettant à Bennett d'étaler son savoir-faire.
On poursuit dans la veine soulful white blues pour enfin asséner la bombe ' Old love'.
Puurs en délire, un bis qui rocke bien gras avec l'aide de Kenny Neal, et un cri immense. ( 'Mr Highway Man').
Luk?
Après avoir trempé sa moustache dans un coffee light: niet slecht!
Il est cool, Luk!
Schuur: Davina and the Vagabonds
Qui?
Davina Sowers, une apparition incroyable, un croisement Betty Boop/ Candye Kane/ Amy Winehouse/ Virginia Wolf , qui pianote comme un Fats Domino et swingue comme une Etta James.
Des tatouages sur tout le corps et une mantille noire, la faisant passer pour une grenouille de bénitier.
Et les Vagabonds?
Point un: pas de guitare!
Michael Carvale: upright bass- Alec Tackman: drums- Dan Eikmeier: trumpet et Benjamin Archer Link au trombone, tous aux backing vc.
Ce combo a cassé la baraque avec son panaché de boogie/blues/swing/cabaret/ New Orleans/ Big Band jazz absolument irrésistible.
La nana combine l'énergie d'un Mike Sanchez et la profondeur d'une Billie Holiday, bref une surprise de dimension!
Un album ' Black Cloud'!
Un boogie pour démarrer puis ' Finding a new baby'. Dans les jardins, on notait 25°, dans la grange le thermomètre indiquait 30°, il vient de grimper à 39°.
Dans dix minutes, Davina va dégouliner , un ruisseau de sueur se frayera un passage entre ses seins imposants pour dévaler vers des territoires dangereux.
Au cabaret, 'Black Cloud', et ensuite un Mardi-Gras pas allégé, on reste un instant du côté de la Nouvelle-Orléans avant qu'elle n'annonce 'I'd rather go blind'.
Jacqueline préfère la version de Christine Perfect avec Chicken Shack, on peut comprendre, anyway Davina has got a thrilling voice.
Retour dans les eaux Louis Jordan/ Louis Armstrong, puis un original 'Dirty Little Devil' décoré d'acrobaties vocales zoologiques, si tu peux, tu imagines La Castafiore!
Difficile de rester assis pendant cette pétarade bourrée de swing, un soulful slow apportera un léger répit avant de revenir au punch sulfureux: 'I'm walkin'.
J'étais furieuse quand j'ai écrit la suivante, c'est clair elle gueule...I'm gonna make a mess out of you..
Elle poursuit avec Chuk Berry, 'Back to Memphis', pour émouvoir avec 'Dream a little dream of me' le standard repris par Ella, Dinah Shore ou Mama Cass.
Encore un jumping jazz track avant de finir en force avec 'St James Infirmary' .
Immense succès et un bis vite fait!
Fin de la première mi-temps!
Photos:Luk STIENS