La nomination des Guadeloupéens après l’abolition de l’esclavage !

Publié le 28 mai 2012 par Halleyjc

Extrait de l'éditorial Guadeloupe du site http://www.anchoukaj.org/

Nous avons retrouvé près de 30.000 patronymes qui ont été donnés à plus de 80.000 Guadeloupéens à partir de 1848. Ils étaient tous esclaves et venaient d’être affranchis par le décret d’abolition de l’esclavage proclamé le 27 avril 1848 par le gouvernement provisoire de la 2e République française.

Tous ces noms de famille sont consignés dans les « registres des nouveaux libres » qui ont été établis après le décret d’abolition de l’esclavage, d’août 1848 à décembre 1862.

Nous y avons découvert une variété de noms d’origines diverses :

- des noms de fruits, d’arbres ou de fleurs tels que COCO, MANGO, SAPOTILLE, PALMIER, PALMISTE, ROSIER, POMMIER, BELLEROSE, ROSE, TULIPPE ;

- des noms de personnages bibliques, historiques ou mythologiques, comme SEDECIAS, SCIPION, CESAR, ZOROBABEL, CYPRIEN, CHERDIEU, REMUS, CONVERTY, MIRACULEUX, VENUS ;

- des noms de lieux géographiques, BOSTON, CALABRE, DAHOMEY, GABON, CARACAS ;

- des noms de métiers ou d’outils : RABOTEUR, TAILLEPIERRE, GRAVA, LANCLUME, MARTEAU, PIOCHE, ARCADE, FRONTON ;

- des noms d’animaux comme AIGLE, LAPIN, PIGEON, PIGEONNEAU, ZEBRE ;

- des noms plus fantaisistes comme ARLEQUIN, BOUBOUNE, NEBOUCHON, PASSAVE ;

- des noms ayant trait au physique comme CAPRESSE, CHABIN, GROS, PASBEAU, NEGRIT, LESUPERBE ;

- des noms plus vulgaires, voire dégradants, qui heureusement ont aujourd’hui disparu, comme CLITORIS, COQUERA, COQUERAPAS à Saint Louis de Marie-Galante ou VIEILLISSIME aux Abymes ;

- des noms d’origine africaine tels BOURRIQUIS, IBO, MOCO, OKEBIBOUE ;

- des noms anagrammes : CIREDERF (Frédéric), EREPMOC (Compère), ETILAGE (Égalité), DOUARED (Édouard), DECILAP (Placide), NIMAJIMBE (Benjamin), PHEJOS (Joseph), RILCY (Cyril), etc.

- enfin, de nombreux noms patronymiques étaient composés à partir d’un prénom ou tout simplement étaient tirés du calendrier grégorien ou d’un dictionnaire.

Cependant, nous avons aussi retrouvés des cas où il n’y pas eu d’attribution de patronymes. Ainsi, dans un registre de Petit-Canal, 160 « nouveaux libres », pourtant bien répertoriés, par leurs prénoms, voire leurs surnoms, leurs matricules et même par l’habitation où ils étaient esclaves, n’ont pas reçu de noms patronymiques.

Nous avons noté la présence de patronymes identiques dans plusieurs communes mais également sur diverses habitations d’une même commune. Cette homonymie n’indique cependant aucun lien de parenté entre les individus. Ainsi, le patronyme COLMAR est retrouvé aux Abymes, à Capesterre Belle Eau, à Capesterre de Marie Galante, à Grand Bourg, à Petit Canal et à Pointe-à-Pitre. Le patronyme POPOTE est présent dans les communes de Capesterre Belle Eau, de Port-Louis et également au Gosier, mais sur des habitations différentes, de Port Blanc, de la Veuve TITECA BEAUPORT et de Couppé de K/Vennou.

Une grande majorité de ces noms patronymiques attribués après 1848 existe encore aujourd’hui en Guadeloupe. Ce sont les noms de famille de la majorité des Guadeloupéens. Comment s’est faite cette nomination ? Comment des noms aussi divers et variés ont-ils été attribués ?