Les événements des dernières semaines - la Loi 78, les manifestions nocturnes, la grande manifestation du 22 mai, sans oublier les festifs tintamarres de casseroles qui se multiplient à la vitesse de la division cellulaire – ont fait pencher la balance du soutien populaire du côté des étudiants au détriment du Gouvernement Charest. Le gouvernement qui a tout fait pour en arriver à cette impasse, par une gestion lamentable, improvisée et politicienne de la crise. Le gouvernement Charest était tellement confiant et conforté par les sondages qui démontrent le soutien indéfectible de sa base électorale (les 55 ans et plus, les anglophones et des allophones) qu’elle a choisi de traiter les étudiants comme des enfants, des moins que rien avec une dose de mépris indigne d’un gouvernement de régime démocratique. Cette stratégie de fermeture s’avère un échec retentissant car les jeunes ont réussi avec des moyens limités à épuiser et ridiculiser la machine gouvernementale avec ses immenses ressources et ses innombrables conseillers. Quoiqu’en pense les ennemis de la jeunesse, un pareil tour de force n’est possible si la cause n’est pas bonne. Les mononcles et matantes n’ont pas le choix de reconnaître que nous ne sommes pas ici qu’en présence d’enfants rois, de bébés gâtés, irrationnels et égoïstes. Se peut-il qu’on assiste au réveil d’une nouvelle génération de jeunes leaders qui se battent pour une cause qui dépasse leur propre personne, l’avenir de l’éducation universitaire au Québec ? Veut-on vraiment se comparer à l’Ontario ou aux États-Unis ?
Revenons à la question : comment sortir de la crise qui commence à trop durer?
J’ai l’impression que pour la première fois, le gouvernement libéral va essayer réellement de négocier. Il a beaucoup de pressions dans ce sens, autant de la population (tous les sondages l’attestent) que des principaux acteurs économiques de Montréal. Compte tenu des forces en présence, le gouvernement n’aura plus vraiment le choix de céder un peu de terrain sur sa bête noire, la question des frais de scolarité. Je m’attends donc à ce que les négociations d’aujourd’hui, que certains qualifient de la dernière chance, accouchent d’une offre gouvernementale qui maintient la hausse mais baisse son ampleur. On peut donc se retrouver avec une offre d’étalement des 75% de hausse des frais de scolarité sur 10 ans ou quelque chose de similaire. Évidemment, l’idéal pour les étudiants, c’est d’obtenir un moratoire temporaire. Mais, la hausse légère est la seule option qui permet aux deux parties de sortir de la crise sans trop perdre la face. Le gouvernement Charest pourrait, comme à son habitude, chanter et danser pour avoir réussi à enfoncer sa pilule de la hausse dans la gorge des étudiants et les jeunes pourraient être fiers d’avoir réussi à alléger le fardeau de la hausse pour leurs membres. Il me semble que la FEUQ et la FECQ sont ouvertes à une telle solution de compromis, plus que la CLASSE.
Le gouvernement peut toujours choisir de continuer dans la direction « jusqu’au boutiste » en offrant quelques retouches insignifiantes à la dernière pseudo-offre rejetée avec une forte majorité par les étudiants, ce qui serait un signal fort pour un éventuel déclenchement des élections.