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Cafards

Publié le 28 mai 2012 par Malesherbes

Par ces temps incertains où ceux qui, en cinq ans, n’ont pas su régler les problèmes de l’insécurité, de la dette et du chômage, osent critiquer leurs successeurs pour n’avoir rien accompli en trois semaines, j’abandonne un instant les hauteurs de la politique pour vous conter un petit épisode de la vie quotidienne.

Le syndic de mon immeuble a fait apposer dans le hall une note informant les résidents du passage d’une entreprise de désinsectisation. La pleine efficacité d’une telle opération nécessitant que tous les locaux soient traités, le syndic demandait aux occupants de permettre l’accès de leurs appartements ou chambres aux employés de cette entreprise et, en cas d’absence, de remettre au préalable leurs clés à la gardienne.

Le jour dit, un ouvrier s’est présenté à ma porte, expliquant la raison de sa venue et précisant aussitôt que « cela ne [nous] coûterait rien », étant donné que l’intervention avait déjà été votée par l’ensemble de la copropriété. J’en conclus que, s’il faisait cette remarque, c’est que l’expérience avait dû lu prouver que cet argument pouvait parfois convaincre les réticents d’accepter le traitement proposé. Inversement, d’éventuels récalcitrants seraient prêts à faire passer leur argent avant le confort et l’hygiène de l’immeuble.

L’intervention terminée, je fus invité à apposer ma signature sur le compte-rendu d’intervention. Je constatai alors que plusieurs résidents avaient soit omis de remettre leurs clés à notre gardienne, soit refusé cette intrusion. J’ai recueilli une première explication auprès d’un de mes voisins qui, avec une candeur désarmante, me dit : « Il n’y a pas de bestioles chez nous ». Visiblement il n’avait pas encore saisi qu’il appartenait à une communauté, aussi limitée fût-elle.

Mais je crains que ces refus n’aient une autre raison, que j’exprime ainsi : « Je ne vais pas laisser entrer n’importe qui chez moi et repérer tous mes objets précieux pour informer d’éventuels cambrioleurs. Avec ces ouvriers, on ne sait jamais sur qui l’on tombe  ». Mon expérience personnelle en ce domaine est différente mais je ne peux bien sûr en tirer une règle générale. Je conclurai simplement que certains de nos concitoyens vivent dans la peur, qu’elle soit fondée ou non.

La lutte contre d’hypothétiques cafards nous révèle ainsi la présence dans notre société d’autres nuisibles : la peur, l’égoïsme et le culte de l’argent.


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