Je revois le très massif vieux poste de TV stationné dans un coin de son garage (beaucoup plus gros que celui de l'illustration!), que je passais beaucoup de temps à observer, tout en parcourant les manuels techniques et schémas des ingénieurs sur les transmissions par ondes.
Cette "étrange lucarne" (c'est ce qu'en disait le Canard enchaîné dans les années 60), dont certains considéraient alors qu'il fallait impérativement - comme aujourd'hui pour Internet - un accès 'pour tous', car elle allait être un formidable vecteur de diffusion des savoirs, d'accès à la culture et ce, partout en France...
On sait ce qu'il en est advenu (et certains diront de même pour Internet). Demeurent pourtant des expériences intéressantes et des programmes, qu'ils soient de loisir (la civilisation du) ou disons, informatifs et certains modes d'expression plus créatifs, de moins en moins visibles c'est certain.
Aujourd'hui on parle de télévision connectée (télévision raccordée à Internet, d'une façon ou d'une autre, voir cette définition - anglophone), de transmedia, d’expérience utilisateur, de programmes interactifs ou participatifs, de télévision 'sociale'...
La télévision connectée en particulier va sans doute donner lieu dans les années qui viennent à de nombreux développements et usages. Au-delà, je pense qu'une notion qu'il serait temps de retenir, est celle qui consiste à parler d'écrans: le changement radical est aussi là. Des smartphones à la télévision, de celui d'un ordinateur à celui d'une tablette, de ceux qui s'invitent dans une maison, une voiture, dans le quotidien, ses différents moments et ses déplacements.
Il ne s'agit pas de 'concurrence' entre différents modes, mais plutôt d'usages qui vont de l'un à l'autre, suivant le moment de la journée, le lieu, l'humeur. On peut regarder quelque chose en partie sur un écran en partie sur un autre.
Cela peut sembler étrange à ceux qui ne sont pas familiers de ces usages... Mais un programme peut être commencé sur un smartphone, et vu entièrement ou à nouveau sur un écran plus grand. Ou bien, entièrement visionné sur un smartphone parce qu'aussi, il aura été conçu pour cela. Voir d'ailleurs cet excellent article sur le sujet de Gigaom (10 Mai 2012): Want to reinvent TV? Don't forget the TV. Suivant et article, nous allons notamment vers une "ambient tv" (comme on parle d'un bruit 'de fond' - mais n'est-ce pas déjà souvent le cas?...) et vers des usages modulables.
Quand à ceux qui regardent (le public!) il peut être différent d'un écran à l'autre, et parfois convergent.
Les chaines de télévision doivent donc apprendre à être protéiformes (et c'est intéressant de réfléchir en ce sens); à proposer des contenus différents, qui aussi se répondent, échangent, renvoient d'un écran l'autre - peut-être d'une idée l'autre? - et qui vivent selon des durées très variables. L'ensemble d'une profession s'adapte (devrait s'adapter) et penser en ce sens.
Un mode plus fluide, plus rapide (parfois, mais pas toujours), un temps de juxtaposition d'images, plutôt de côtoiement. J'espère que certains théoriseront sur ce qui va se jouer entre ces images, et comme représentation du monde (je pense par exemple dans l'idée, et en premier lieu - à Aby Warburg autrefois, pour ceux qui connaitraient).
Suis curieuse, et intéressée, par vos avis sur la question. En ce qui me concerne, je pense maintenant 'écrans'...
Illustration 1: History of Broadcasting Timeline Illustration 2: Aby Warburg Mnemosyne - Atlas