Qui pourrait encore se plaindre qu'on n'a pas en banlieue une chance comparable aux grandes villes ? Le film de Wes Anderson est en sortie nationale et le voir dans d'excellentes conditions de confort, et sans la cohue cannoise, cela ne se manque pas.
L'affiche du film évoque le portrait de famille, comme les films précédents de Wes Anderson qui serait un fervent admirateur de Fellini et de Renoir. Pour celui-ci on dit qu'il s'est inspiré de François Fruffaut (l'Argent de poche), d'Alan Parker et de Ken Loach. J'ajouterais Tim Burton, et puis aussi Jean-Pierre Jeunet parce qu'on y retrouve quelque chose de surréaliste proche du Fabuleux destin d'Amélie Poulain.
Le casting adultes est purement incroyable avec Bruce Willis qui vient rejoindre le groupe des favoris du réalisateur autour de Bill Murray. Le choix des enfants est plus dérangeant peut-être parce que précisément ils ne jouent pas véritablement des enfants.
Pour résumer on dira que l'histoire se déroule sur une île au large de la Nouvelle-Angleterre, au cœur de l’été 1965. Suzy et Sam, douze ans, tombent amoureux, concluent un pacte secret et s’enfuient ensemble. Alors que chacun se mobilise pour les retrouver, une violente tempête s’approche des côtes et va bouleverser davantage encore la vie de la communauté.
C'est un film très particulier, qui vous propulse dans les années 60, comme le faisaient les aventures des castors juniors de l'enfance des quinquagénaires actuels. L'univers musical est très réussi, avec une leçon de musique qui devrait devenir un moment d'anthologie. Les mouvements de caméra, avec abondance de travellings et de ralentis pourront agacer par une certaine superficialité. Suzy regarde le monde a travers ses jumelles, mais c'est nous qui voyons autre chose. Constamment entre rêve et réalité, avec un humour volontairement absurde et décalé, Moonrise Kingdom plaira à la folie ou pas du tout. Selon qu'on accepte de se laisser porter par cette fable ou que l'on ne puisse résister au besoin effréné de tout comprendre.