Elle est tout entière force et modernité. L'âge n'est rien à sa carrure d'athlète. Jamais démodée. Toujours triomphante et corsetée de métal noir, elle a remisé aux oubliettes "La bête humaine"(1890) évoquée par Zola. Elle continue à faire vibrer les mémoires de tous ceux qui l'évoquent avec nostalgie sur fond de musique composée par Honneger : C'est la Pacific 231!
Le père de notre ami Charles Simbsler, architecte à Strasbourg,
C'est qu'il n'était pas peu fier, ce conducteur de la plus belle, de la plus enviée des locomotives ! Petit garçon, né dans les dernières années du XIX° siècle, il avait été surnommé, "Meiselocker", l'attrapeur d'oiseau. Le voici, dévalant avec les gamins de son âge, la très vieille et très longue Grand rue de Strasbourg que les Romains avaient tracée lorsque la ville n'était encore qu'un vaste camp à la frontière rhénane.
Ainé d'une fratrie de Huit enfants, il a grandi et, en effet, joué à courir derrière les oiseaux, tout près de l'église Saint-Pierre-le-Vieux. Catholiques et protestants s'en partagent l'espace, comme il est souvent d'usage en Alsace, après que le roi Louis XIV eut recommandé de tolérer le culte protestant dans cette province qu'il vient de faire sienne et qu'il veut ménager. Charles, l'attrapeur d'oiseau ! Son enfance est allemande. Depuis 1870 et jusqu'en 1918, l'Allemagne est chez elle dans cette région dont elle veut faire la vitrine de son savoir-faire colonisateur. L'enfant entre très tôt comme apprenti-chauffeur aux ateliers de chemin de fer, à Bischheim.
Apprenti-chauffeur, chauffeur, puis conducteur. Charles Simbsler a gravi tous les échelons lui permettant un jour d'être le maître de l'incomparable Pacific 231.
image 1 empruntée à ce site.
(A suivre)