Comment parvenir à soulager les patients qui souffrent d'acouphènes, un sifflement constant extrêmement handicapant et douloureux au quotidien et pour lequel il n'existe, aujourd'hui aucune assurance de traitement ? Ces conclusions publiées dans l'édition du 26 mai de la revue The Lancet montre, qu'associée aux soins dits standards, la thérapie cognitivo-comportementale réduit le degré de gravité des acouphènes, sans aucun effet indésirable.
Les chercheurs soulignent que jusqu'à 1 adulte sur 5 développera des acouphènes, dans une ou les deux oreilles, de manière généralement continue, mais parfois fluctuante. Il n'existe actuellement aucun traitement « définitif » des acouphènes. Les personnes qui souffrent d'acouphènes peuvent suivre une thérapie par le son, des séances de soutien, une thérapie de « recyclage » pour tenter d'apprendre à « faire la sourde oreille » ou une thérapie ou une thérapie cognitivo-comportementale.
Cet essai randomisé a tout particulièrement étudié la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) et son efficacité à gérer (mais pas soigner) les acouphènes auprès de 492 patients suivis durant 12 mois. Les chercheurs néerlandais de l'Université de Maastricht, Louvain (Belgique), Bristol et de l'Hôpital d'Addenbrooke de Cambridge ont évalué les patients au début de l'étude pour leur capacité auditive et la gravité de leurs acouphènes, leur qualité de vie et la détresse psychologique associée aux acouphènes. Les participants ont été répartis en 4 groupes selon la gravité de leurs acouphènes, puis en 2 groupes de traitement :
· Un groupe de 247 patients pour des soins standards comportant des contrôles audiologiques, le conseil, la prescription d'une prothèse auditive, et, si indiqué, la prescription d'un dispositif masker qui génère un signal sonore neutre pour distraire du sifflement des acouphènes.
· Le second groupe de 245 patients a reçu certains soins standards mais a suivi également une (tel que un dispositif de masquage et de l'aide auditive si nécessaire), mais a également une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) avec séances avec un psychologue clinique et traitements de groupe d'éducation psychologique expliquant leur état, la restructuration cognitive, la prise en charge du stress, la relaxation et la thérapie par le mouvement…
Après 12 mois, les patients du groupe « TCC » présentent une amélioration supérieure en matière de santé générale et de qualité de vie par rapport aux patients du groupe soins habituels. Après 12 mois, chez ces patients, la gravité des acouphènes est réduite (sur une échelle de valeur standard). Enfin, les auteurs concluent à l'efficacité de la TCC combinée aux soins standards, quel que soit le degré de sévérité des acouphènes et sans présence d'effets indésirables. Seule ombre au tableau, le « taux de décrochage » de la TCC qui à 12 mois s'avère extrêmement élevé… 30%.
Source: The Lancet, Volume 379, Issue 9830, Pages 1951 - 1959, 26 May 2012 doi:10.1016/S0140-6736(12)60469-3Specialised treatment based on cognitive behaviour therapy versus usual care for tinnitus: a randomised controlled trial.