Rencontre avec les rappeurs de Dope D.O.D.

Publié le 28 mai 2012 par Bleatmagazine

On débarque en trombe dans l’espace numéro 3 de la salle d’interview. Cinq minutes de retard. Nous attendent Dopey Rotten, Jay Reaper et Skits Vicious, les trois membres du groupe néerlandais Dope D.O.D. Cette formation fait dans le rap hardcore et rencontre de plus en plus de succès à l’étranger, surtout depuis la sortie de leur clip “What Happened” en janvier 2011 qui comptabilise à ce jour plus de 7 millions de vue sur Youtube.

Dans l’espace “interview”, il y a aussi DJ Dr. Diggles, qui les accompagne à chaque concert, et Nicolas André, chargé de communication pour le label Jarring Effects. Les MC’s semblent fatigués par le rythme des dates qui s’enchaînent. Une odeur de plantes règnent dans ces quelques mètres carrés… C’est Skits. Malade, on lui a acheté un spray de plantes médicinales chinoises qu’il s’est appliqué sur le visage, mais un peu trop… Du coup, ça le pique et il me demande d’attendre cinq minutes que l’effet désagréable passe. Le temps pour moi de m’installer…

Dope D.O.D. veut marquer les esprits. Avec un son hip hop sombre enrichi de sonorités dubstep, un univers dérangeant et intriguant, un flow percutant, le groupe a tout pour marquer. Il scande haut et fort les travers d’une société consumériste et d’une scène musicale, qu’il trouve, molle et décevante. Ces trois rappeurs se veulent avant-gardiste et espèrent apporter une bouffée d’oxygène au hip-hop. Retour sur leur début et leur vision du hip hop…

L’interview retranscrite :

Jay : On s’est rencontré grâce à la musique. J’ai rencontré Skits à l’école au début des années 2000.
Dopey : J’ai rencontré Skits par un ami commun qui m’’a dit “Je connais un mec qui rap en anglais comme toi et il est taré, il faut que vous vous rencontriez pour voir si vous pourriez bosser ensemble.” C’est comme ça que j’ai rencontré Skits. Skits connaissait déjà Jay. Skits m’a présenté à Jay. Depuis, on bosse ensemble et on est aussi devenu potes.
Skits : On fait de la musique depuis des années. Depuis un peu plus de 10 ans. On a commencé à travailler sous le nom Dope D.O.D vers 2006. C’est The D.O.D. (Jay et Skists) et The Dope (Dopey).

Skits : J’ai connu ce mec (Walker Pachler, réalisateur des clips) au lycée. Il était dans ma classe. Après on s’est perdu de vue car j’ai arrêté les cours. En gros… (il s’allume un joint) Beaucoup de hasch… Ensuite Walker est revenu à la réalisation. Il a travaillé sur des vidéos artistiques. Nous, on rappait depuis un bon moment… Il n’y avait pas que Walker Pachler. Il y avait aussi Andres Fuche, Ruben van der Linden et Anton van der Linden. Et ces gars étaient des skaters de notre ville aussi. Ils savaient que je rappais depuis un moment. Ils ont vu le crew avec qui je bossais. On a vu ce qu’ils faisaient. Et on s’est dit qu’on allait faire des vidéos ensemble.

Jay : Je pense que les gens en ont marre. Ils ont envie de quelque chose de plus brutal, de plus vrai. La scène musicale actuelle est molle… surtout dans le hip hop. Je pense que les gens attendaient un son comme ça.
Skits : Je pense qu’il y a toujours eu un rap underground et des rappeurs hardcore. Ca n’a jamais disparu. Ca a toujours été présent.
Skits : On est à une période où les choses bougent. Même des groupes comme nous ont l’opportunité de faire des tournées mondiales et d’être connus. Alors qu’on ne passe pas à la télé ou qu’on ne fait pas du pop rap comme on voit beaucoup à la télé.
Jay : Je suis d’accord qu’à moitié. Je pense que sur la scène hip hop il n’y a pas eu de son hip hop vraiment puissant et solide comme il y a quelques années. Surtout au milieu des années 2000. Il y a bien eu des bons comme Sean P. Mais à la télé, y’a aussi eu Shady,
Dr Dre et toute cette merde. De La Soul, ça c’était du vrai hip hop. On a pas vu ça depuis au moins cinq ans. Odd Future c’est un groupe qui, comme nous, fait du bon son, un son vrai avec la volonté d’être la voix de la nouvelle génération. Je pense que ça manquait depuis quelques années.

Dopey : Le son dubstep est sale avec des basses profondes. Ca colle parfaitement avec nos paroles hardcore. On n’a pas choisi d’intégrer du dubstep dans nos sons. C’est venu naturellement.
Skits : Dans notre nouvel album, il y aura plus de dubstep.

Axel : J’aimerais savoir à quel point vous êtes hardcore… Vous pourriez tuer un mouton sur scène ?
Dopey : Oui, si tu m’apportes un mouton…
Jay : Je pourrais même te tuer toi…
Axel : Vous pourriez brûler la scène après un concert ?
Dopey : Pourquoi pas.
Skits : Bien sûr mais je ne veux pas de mort et je ne veux pas non plus qu’on m’envoie après les factures… Je préférerais brûler quelque chose qui a pour but d’être brûler.

http://dopedod.com/
http://www.jarringeffects.net/fr/
Merci au Printemps de Bourges et à Sylvain Lemerle.

Axel Tardieu