Lorsque je prends le métro, je suis toujours effaré devant le nombres de personnes absorbées par la contemplation de leur téléphone. S’ils écrivaient un message, je pourrais le comprendre, mais non, bien souvent, ils tournent leur appareil dans tous les sens, encore et encore, espérant peut être que le réseau parviendra jusqu’à eux dans une cocasse chorégraphie. Le plus drôle, c’est lorsqu’ils en ont deux. Malheureusement, dans ce cas là, on est plus proche du duo de clowns que du tango argentin ! Il y a quelques semaines, le jeune homme en face de moi, tenait tellement de petites merveilles technologiques dans ses mains que son iphone dernier cri s’est retrouvé dans le cabas de la grand mère assise à côté de lui. Elle n’avait rien vu de la scène et a donc hurlé quand elle a vu deux mains plonger au milieu de ses poireaux et salades… Une histoire à finir au poste !
La jeune fille était plutôt calme. Seules ses mains bougeaient à toute vitesse. De ma place je ne voyais pas bien s’il s’agissait d’une console, d’un baladeur ou d’un simple téléphone. Je m’en moquais de toute façon. Ce qui m’intéressait, en revanche, c’était l’homme assis à sa droite. Lui aussi semblait fasciné par l’écran. D’abord, il tourna, l’air de rien, la tête en direction de sa voisine. Puis, de plus en plus, son corps entier sembla attiré par le ballet que faisaient les deux pouces au dessus de l’appareil. Au début, cela parut plutôt agacer l’utilisatrice, mais elle replongea pourtant bien vite dans son monde parallèle.
Quelques minutes après, toute la rame du métro entendit un sonore “oh non !”, suivit d’un brusque éclat de rire, à l’unisson. On aurait dit que la complicité de ces deux-là datait d’une bonne dizaine d’années.
“Allez, à vous ! J’en peux plus de ce truc ! Ca va finir par me rendre folle! J’arrête pas d’y jouer, toute la journée, dès que j’ai deux minutes ! Si vous faites un meilleur score que moi, je vous le donne !”
Texte écrit dans le cadre de l’atelier proposé par Leiloona “Une photo (de Kot), quelques mots”.