Ce matin, je me suis réveillée et avant même d'ouvrir les yeux, j'y ai pensé.
J'entendais les oiseaux, la ville était calme, je sentais que la journée allait être chaude, le ciel bien bleu, et je me suis dit la journée va être belle.
Je me suis dit la même chose, le matin de sa mort
Paradoxal.
Je trouve parfois la nature insolente, provocante, on vit une douleur qui nous vrille la tête et le coeur et ça n'affecte en rien le cycle de la nature. Finalement ça n'est qu'une mort de plus.
La mort fait partie intégrante de la vie, jamais l'une sans l'autre, on le sait tous, même si on passe beaucoup de temps à se le cacher, en tout cas à éviter d'y penser.
Mais lorsqu'elle frappe, pour moi l'incompréhension, et le mystère que cela représente sont les mêmes que lors d'une naissance.
Mais comment ça peut se faire ?
On a beau nous expliquer, nous faire des schémas, des croquis, des "tous ce que l'on veut" ça ne sert à rien.
Comment ça a pu s'arrêter? Alors ça se termine comme ça ?
On ne peut pas négocier avec la mort.
On ne peut pas lui dire, encore un petit peu s'il vous plait, il a encore tellement de choses à faire, à vivre.
La mort fait ce qu'elle veut, elle décide, tranche, prend, vole, mais face à la force de la pensée, des souvenirs, et de l'amour elle ne fera jamais le poids.
Quoiqu'il arrive,
je le verrai toujours, s'installer dans son fauteuil, avec tous ses journaux, le chien à ses pieds, sa musique et moi qui râle à côté parce que la clope de bon matin, merci bien....
je le verrai toujours, pousser sa brouette dans le verger de St Palais et entendre ce petit grincement agaçant, qui me faisait dire, tu peux pas mettre de l'huile sur ton truc?
j'entendrai toujours le bruit caractéristique du fauteuil de son bureau
et cette petite phrase.... tu ferais pas un petit thé...?
Heuuuu non...
Oh t'es chiante...
Ouiiiiiiii...
Le voir partir faire du bâteau avec son frère
Dire, ils sont où mes pioupious ?
Regarder son fils, avec une totale incompréhension et tellement épaté
Tous les jours que Dieu a fait pendant 28 ans entendre, la souris on mange quoi ?
Ses jours avec,
ses jours sans, ses silences, sa façon de faire la gueule, ben vouiii la mort n'auréole pas de toute gloire.
L'odeur de son cigare
Cette petite phrase pendant les vacances, qui épatait nos invités
- Je vais travailler, à tout à l'heure
- Même pendant les vacances il bosse, il est vraiment incroyable...
-hummmm...nannn...Il est parti faire la sieste....
Et la liste est loin d'être exhaustive vous vous en doutez, 28 ans de mariage, ça laisse des traces !!!!
Et puis il y a sa musique, celle que l'on entendait toute la journée lorsqu'il était à la maison, cette musique qui l'a accompagné jusqu'au bout, indissociable de lui..
Cette musique que l'on n'écoute plus, et que tu aimais tant.
Alors aujourd'hui exceptionnellement je vais mettre le CD et l'écouter avec toi.