(Faye Dunaway, Bukowski, Mickey Rourke)Riche d'une profusion de textes, lettres et photographies inédits, de témoignages de personnalités tels Norman Mailer, Allen Ginsberg, Sean Penn, Mickey Rourke ou encore Robert Crumb, cette passionnante biographie se dévore comme un roman de Bukowski, cru et excessif, cocasse et émouvant. (4e de couverture)
Que m’a appris cette biographie qui m’a particulièrement frappée ? Son enfance et sa jeunesse ont été solitaires et difficiles en raison de la sévérité de son père et d’une acné plus importante que les autres avec de grosses pustules sur le visage, ce qui le maintenait à l’écart des autres et surtout des filles qu’il mit très longtemps avant d’approcher. Il a souffert alors d’un fort sentiment d’exclusion. Il haïssait ses camarades plus chanceux que lui tout en se promettant de devenir un jour comme eux.
Son sanctuaire était la bibliothèque municipale de Los Angeles autant parce qu’elle était fréquentée par de nombreuses filles que pour y lire tous les livres qu’il désirait. C’est ainsi qu’il tomba sur un ouvrage qui eut sur sa vie une influence décisive: le roman de John Fante: «Demande à la poussière» (Ask the Dusk), un livre écrit dans un style saisissant, lucide, sans fioritures, composé de courts chapitres et de courts paragraphes. Le sujet surtout retint son attention. "Le héros, Arturo Bandini, est un apprenti écrivain de vingt ans, fils d’immigrés italiens. Il se sent en marge de la société. Il voudrait écrire sur la vie et l’amour, mais il sait qu’il manque d’expérience. Aussi décide-t-il d’aller vivre dans un hôtel miteux dans un quartier populaire de Los Angeles où il rencontre une très belle jeune femme dont il tombe aussitôt amoureux."Dès cette lecture, Bukowski prit l’habitude d’aller lire au pied des hôtels meublés décatis de sa ville, s’imaginant faire partie de l’univers de Fante, ce qui l’encouragea à écrire. Il avouera:
"Fante était mon dieu. Encore aujourd’hui son influence continue à s’exercer sur mon style."
Parmi les dix ou douze autres romans qui ont eu une influence durable sur lui, il y eut encore: La faim de Knut Hamsum dont le héros plein d’illusions est sauvé par la littérature et Mémoires écrits dans un souterrain de Dostoïevski où le narrateur se juge hideux tout en brûlant d’être aimé. C’était dans les années de guerre 1940/42, quand il traversait le pays d’est en ouest en autocar et en train en compagnie parfois de vagabonds du rail
(Sa machine à écrire, cadeau de ses parents pour ses études mais quand son père s'aperçut qu'il s'en servait pour écrire des nouvelles, il la jeta dans le jardin avec les manuscrits et les vêtements de son fils.)
Je passe sur ses amours nombreuses, douloureuses, ses amitiés et ses beuveries à foison qui lui ont valu sa réputation sulfureuse qui ne m’intéresse pas vraiment pour retenir surtout ce qui fait de lui un écrivain conséquent de sa génération: sa langue "débarrassée des affectations, des procédés et des maniérismes qui dominent dans la poésie académique". Son style à lui, c’est «la langue parlée clouée au papier».
C'est une belle biographie sur un auteur que je connaissais assez peu, en dehors des scandales qu'il a souvent provoqués dont son expulsion de l'émission de Pivot où il était invité ICI,
Il me reste quatre chapitres à lire encore sur les 16 du volume.(me souvenir que je me suis arrêtée à la page 235: "Fils d'Europe"). Je compte bien le terminer le plus tôt possible.
Charles Bukowski, Une vie de fou par Howard Sounes, Biographie (éditions du Rocher, 2008, 390 p) Traduit de l’anglais par Thierry Beauchamp
«lorsque vous me verrez sourire dansma Volkswagen bleueaccélérant à l’orangeroulant droit dans le soleilje serai prisonnier desbras d’une vie de fou»