Je trouve que cela fait du bien de voir qu’il existe encore des gens qui vont de par le monde aider des gens qui n’ont pas accès aux soins .. De plus pour les bénévoles et spécialistes cela donne sûrement une expérience de vie extraordinaire
Nuage
Quand la vue devient un luxe
Optométristes Sans Frontières redonne la vue aux populations les plus pauvres de la planète
ISABELLE MAHER
JOURNAL DE MONTRÉAL
PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, ISABELLE MAHER
Depuis 20 ans, l’optométriste Michel Desrosiers accompagne Optométristes Sans Frontières
Une paire de lunettes ne devrait pas être considérée comme un objet de luxe, mais c’est pourtant le cas dans plusieurs pays visités chaque année par Optométristes Sans Frontières. L’organisme se charge de récupérer nos anciennes lunettes pour faire le bonheur des plus défavorisés.
« Imaginez, vous enfilez une paire de lunettes à quelqu’un qui n’a jamais vu de sa vie. Il commence par rire, puis il pleure et vous serre dans ses bras. Finalement vous pleurez avec lui, c’est très touchant », raconte Pétain Saavedra, chargé de projet pour Optométristes Sans Frontières.
Lorsqu’ils débarquent dans les régions parfois les plus pauvres de la Terre armés de milliers de paires de lunettes, les bénévoles d’Optométristes Sans Frontières assistent à de petits miracles.
« Vous me redonnez la vie », a déclaré une petite Philippine qui souffrait d’une sévère myopie. « Nous étions sur le point de partir lorsqu’on nous a présenté cette enfant. Par chance, nous avions des lunettes pour elle. Lorsque nous avons vu son visage s’illuminer, toute l’équipe pleurait », raconte M. Saavedra.
Selon l’organisme qui relève de Terre Sans Frontières, il y aurait environ 400 000 enfants dans le monde qui souffrent d’un problème de vision sans pouvoir le corriger et au total 8 millions de personnes qui ne peuvent s’offrir de lunettes, ni même consulter un optométriste.
« Je me souviens d’un monsieur pour qui ce n’était pas un problème de porter de belles lunettes roses de femme. Du moment qu’il voyait, la monture ne le dérangeait pas », raconte Solange Roy, une bénévole qui a accompagné l’organisme à ses frais, à trois reprises, soit aux Philippines, en Bolivie et en Équateur.
« Jamais comme touriste je n’aurais eu autant accès à l’humanité et à la richesse de ces gens. On découvre l’esprit d’un peuple. Certains ont des problèmes de vision depuis si longtemps qu’ils font avec, ils ne sont pas en détresse et il y a plus d’entraide », observe cette orthopédagogue à la retraite.
Petites équipes
Les petites équipes de deux ou trois personnes qui se rendent en mission sont constituées d’un optométriste, d’un traducteur et d’un bénévole formé pour retrouver rapidement les paires de lunettes préalablement nettoyées et préparées. Chaque année, ce sont donc six ou sept missions qui se rendent en Ouganda, en Tanzanie, au Congo, aux Philippines, au Guatemala, au Honduras, en Bolivie, en Uruguay, en Équateur et au Pérou.
L’organisme recherche activement des optométristes bénévoles.
« Les besoins sont immenses. En Bolivie, nous avons traité un homme qui, pour la première fois de sa vie, voyait ses mains… il avait 80 ans. Rien que pour lui, ça valait la peine d’y aller », affirme Michel Desrosiers, un optométriste à la retraite qui a participé à plusieurs missions.
« Aux Philippines, on nous a installés dans un hangar où des enfants nous regardaient travailler à travers les trous des planches. Là, on a semé du bonheur », résume Solange Roy.
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