Que se passera-t-il lors des élections législatives françaises des 10 et 17 juin prochains? A en croire les résultats du sondage OpinionWay-Fiducial pour le Figaro et LCI réalisé du 23 au 25 mai, le PS ne devance l'UMP que d’un point dans les intentions de vote (32% contre 31%) et ce, malgré un score annoncé de "45% pour le bloc de gauche" et le souhait exprimé par "55% de l’ensemble des Français" de doter le nouveau président de la République d’une majorité à l’Assemblée Nationale. Nonobstant aussi un désintérêt partisan: seulement "53% des électeurs de droite sont décidés à se mobiliser pour cette échéance électorale" contre 63% pour les soutiens de François Hollande.
Des chiffres en apparence contradictoires. Et qui soulèvent une question sous-jacente sur le prochain scrutin: la dynamique du vote motivé -sinon utile- qui a prévalu lors de l’élection présidentielle de mai dernier se poursuivra-t-elle en juin dans les urnes? En clair, l’anti-sarkozysme sans lequel François Hollande n’aurait sans doute pas été en mesure de gagner les présidentielles de 2012 se prolongera-t-il sous la forme d’une victoire parlementaire? Les primaires socialistes en témoignaient déjà si l’on veut bien se souvenir du fait que Martine Aubry n’était pas jugée à même de battre le président sortant: les Français qui ont investi le candidat socialiste de cet objectif et qui ont, sur ce point, obtenu satisfaction, passeront-ils du vote motivé au vote logique destiné à conforter l’assise du pouvoir élyséen au Palais Bourbon?
Le sondage ne tranche pas ce dilemme avec netteté: "70% des Français déclarent voter plus en faveur d’un courant politique proche de leurs idées" contre seulement 29% pour une personnalité appréciée. Et plus de 80% d’entre eux, pour les deux grands partis majoritaires, sont en outre certains de leur choix. Le différentiel d’un seul point comme résultat des intentions de vote en faveur du Parti socialiste traduit sans doute cette fluctuation de la part de ceux qui ont voté, si l’on ose dire, plus pour faire perdre Nicolas Sarkozy que pour faire gagner François Hollande. Ces derniers auraient-ils décidé de regagner leur écurie politique?
La nature du gouvernement constitué autour de Jean-Marc Ayrault est pourtant destinée à les rassurer: nouvelles générations de ministres, figures pragmatiques dans les ministères les plus régaliens dont celle de Manuel Valls place Beauvau et verrouillage des personnalités les plus doctrinaires par le jeu savant des périmètres ministériels. Autant dire que François Hollande a bien enregistré le message et affiche son souci, pour plagier Goethe, d’acquérir pour la posséder la victoire qu’il a héritée des électeurs. Les premiers pas, sobres mais déterminés, du nouveau locataire de l’Élysée de même que la sanglante querelle de succession des chefs à l’UMP, ne devraient pas le desservir.