4ème de couv' :
Agé de seize ans, Hans Schwarz, fils unique d'un médecin juif, fréquente le lycée de plus renommé de Stuttgart. Il est encore seul et sans ami véritable lorsque l'arrivée dans sa classe d'un garçon d'une famille protestante d'illustre ascendance lui permet de réaliser son exigeant idéal de l'amitié, tel que le lui fait concevoir l'exaltation romantique qui est souvent le propre de l'adolescence.
C'est en 1932 qu'a lieu cette rencontre, qui sera de courte durée, les troubles déclenchés par la venue de Hitler ayant fini par gagner la paisible ville de Stuttgart. Les parents de Hans, qui soupçonnent les vexations que subit le jeune homme au lycée, décident de l'envoyer en Amérique, où il fera sa carrière et s'efforcera de rayer de sa vie et d'oublier l'enfer de son passé. Ce passé qui se rappellera à lui de façon tragique.
Mon avis :
122 pages. Roman publié en 1971.
Commençons par une accroche percutante : ce roman est bouleversant. Voilà, le mot est d'emblée lâché. Je ne connaissais pas du tout Fred Uhlman. La quatrième de couverture plante assez bien le décor, ce qui n'est pas toujours le cas.
Ce livre est un saisissant témoignage de l'amitié naissante au temps de l'innocence entre deux êtres semblables que l'Histoire pousse à s'opposer.
Ce roman est largement autobiographique et vous le comprendrez aisément un petit peu plus loin. L'auteur, quoique Anglais, est né à Stuttgart : ce qui explique à quel point les descriptions sont précises. De prime abord, j'ai pensé que Fred Uhlman s'était livré à un long travail de documentation alors qu'en vérité, il s'est "contenté" d'aller puiser dans ses souvenirs d'adolescent.
Hans Schwarz est seul et, sans avoir le sentiment d'être différent des autres, il est persuadé qu'avec l'arrivée de Conrad dans son lycée, il a enfin trouvé l'amitié. Même si les débuts sont hésitants, l'avenir lui montrera qu'il ne s'est pas trompé. Conrad, issu d'une famille puissante d'Allemagne, n'a que faire des tentatives d'approche de camarades intéressés. Il les éconduit poliment et privilégie l'amitié pour un jeune homme qui partage son goût pour les collections de pièces anciennes : Hans.
Dès lors, ce dernier profite de l'instant présent et néglige l'essentiel dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres : la montée du nazisme et la haine croissante du peuple juif. Hans subit les railleries de plus en plus acerbes de ses camarades de classe sans que Conrad ne puisse véritablement le rassurer ou le défendre. Vous l'avez appris dans la quatrième de couverture : ses parents choisiront de l'exiler en Amérique ; eux préféreront subir et choisir leur mort.
Alors, pourquoi ce livre m'a-t-il bouleversé ? Parce qu'il ne décrit pas les horreurs de la seconde guerre mondiale puisqu'elle n'est même pas évoquée.
Et puis, Hans et Conrad se sont éloignés l'un de l'autre lorsque le premier nommé reçut une lettre du second, regrettant son départ mais en affirmant qu'Adolf Hitler était probablement le guide que l'Allemagne attendait. Hans refait sa vie aux Etats-Unis et reçoit un courrier en provenance de son ancien lycée, quelque 30 années plus tard. Le document mentionne le nom de tous ses anciens camarades tombés lors de la seconde guerre mondiale. Je n'en écrirai pas plus, si ce n'est que la vérité nous est dévoilée lors de la dernière ligne de ce roman. Tristement magnifique.
A noter également un passage qui donne à réfléchir : un soldat Aryen stationné devant le domicile des parents de Hans. Le père, ulcéré de voir que sa famille était montrée du doigt, sort sa tenue d'ancien soldat bardé des médailles qu'on lui a attribuées au terme de la première guerre mondiale. Vu par la foule comme un héros de guerre, le père de Hans précipitera le départ du soldat Aryen. Moralité : héros un jour, bouc émissaire le lendemain, martyr pour l'éternité.
Voici l'affiche de l'adaptation cinématographique qui faisait partie de la sélection officielle du festival de Cannes en 1989. En cliquant dessus, vous trouverez la fiche signalétique du film. Désolé, je n'ai pas de bande-annonce sous la main !
Pour que votre opinion soit entière et objective, je vous propose d'aller découvrir les billets de tout ce beau monde : Agnès, Calypso, Au café littéraire de Céline, Karine:), Linette (qui n'a pas du tout accroché), Sharkie343, Stellabloggueuse.
Comme je ne peux pas "traquer" tous les lecteurs sur la blogosphère, signalez-moi votre lecture le cas échéant, et je vous ajouterai dans cet article.
Ma note : 5 / 5.
Ce livre, lu dans le cadre du challenge GOD SAVE THE LIVRE, que j'ai le plaisir d'organiser, est le 14ème roman lu depuis le début de l'année.
Fred Uhlman est un écrivain britannique d'origine allemande. Né en 1901, il décède en 1985 à Londres. Fuyant l'Allemagne nazie, il s'installe à Paris et s'illustre dans le domaine artistique. En 1936, il décide de partir en Espagne, où le coût de la vie était moindre qu'en France. Il a tout juste le temps d'y rencontrer sa future épouse avant que la guerre civile n'éclate. Il se réfugie donc en Angleterre. Ignorant tout de l'Angleterre, de la langue à ses coutumes en passant par la mentalité de ses habitants, il ouvre sa porte aux réfugiés intellectuels et devient un membre influent des activistes anti-nazis. Il est même convoqué à Cambridge pour discuter de l'opportunité d'assassiner Hitler. Mais rapidement soupçonné par les Anglais d'être un adversaire étranger, il est arrêté et emprisonné sur l'île de Man. Il sera libéré par la suite, s'adonnera à la peinture avant de compter, enfin, parmi les citoyens "normaux" de Grande-Bretagne.