Comme un fleuve s'est mis
A aimer son voyage
Un jour tu t'es trouvée
Dévêtue dans mes bras
Et je n'ai plus songé
Qu'à te couvrir de feuilles
De mains nues et de feuilles
Pour que tu n'aies point froid
Car t'aimais-je autrement
Qu'à travers tes eaux vives
Corps de femme un instant
Suspendu à mes doigts
Et pouvais-je poser
Sur tant de pierres chaudes
Un regard qui n'aurait
Eté que du désir ?
Vierge tu réponds mieux
A l'obscure sentence
Que mon coeur fait peser
Doucement sur ton coeur
Et si j’ai le tourment
De ta métamorphose
C’est qu’il me faut aimer
Ton amour avant toi.
René Guy Cadou( poète breton, 1920-1951)
(Hélène ou le règne végétal, 1952)
Autre poème sur le blog: Pourquoi n'allez-vous pas à Paris?