Encore une passionnante exposition temporaire au musée du Louvre ! et un avant-après spectaculaire ...
Cette dernière oeuvre de Léonard de Vinci, laissée inachevée, a retrouvé la fraicheur de ses couleurs - tout particulièrement son ciel bleu d'une nuance irréelle. Les restaurateurs ont travaillé légèrement, afin de ne pas compromettre les restaurations qui auront nécessairement lieu dans le futur. Une redécouverte, d'autant plus que cette fois, on peut passer derrière le tableau, pour apercevoir trois croquis rapidement esquissés dans son dos, dont une superbe tête de cheval.
Le thème de la Sainte Anne trinitaire est classique dans la peinture de la Renaissance. On suit ici l'évolution de la conception de Léonardo à travers ses cartons successifs, ceux, à l'echelle de 1, qui permettent de reporter le dessin sur le panneau de bois support du tableau. On apprécie donc les postures successives de Marie sur le giron de sa mère, le remplacement de Jean-Baptiste par un agneau, l'évolution de la main de Sainte Anne qui, à la fin, ne retient plus sa fille vers son destin, l'acceptation du sacrifice de Jésus ...
Et puis on apprécie l'art ultime de Vinci par rapport à ses contemporains et à ses élèves, qui copient le tableau au fur et à mesure dans ses états intermédiaires ou définitif. Le motif de ce trio de mère, enfant et grand-mère presque aussi juvénile que sa fille semble très à la mode. On le retrouve un peu partout, avec de multiples et insignifiantes variantes. On voit aussi la célèbre "Vierge aux rochers" qui est évoquée dans le "Da Vinci Code".
Un approfondissement éclairant de l'art de la Renaissance en Italie, soumise aux guerres de conquêtes, puis en France où s'éteignit Léonardo, ce génie absolu - et gaucher - de la civilisation occidentale.
Au musée du Louvre, jusqu'au 25 juin.