Prédation
Les Voies de l'ombre, tome 1
Aucune piste, aucun lien, aucun mobile...
Qui sont ces hommes ?
Pourquoi ont-ils été choisis ?
Pour quelle mise à mort aberrante ?
Prédation entrouvre la porte d'un univers imprévisible et angoissant, étrangement en prise avec les faits divers les plus choquants de notre époque.
Extrait : "Il y a des cris et des chutes. Les gens affolés se bousculent, dans une belle pagaille, pour se réugier dans le supermarché voisin.
Profitant de la panique générale, un vigile en uniforme se rue vers le forcené, la main crispée sur sa matraque.
Merceron, lui, ne bouge pas. Se précipiter ainsi sans réfléchir est une erreur, il en est certain.
Manquait plus que ça ! Un amateur de sensations fortes.
Un vigile inconscient, téméraire, inutile.
Le type, furieux, lui assène un violent coup de crosse sur la tempe. Il sécroule sans un cri.
- C'est pas toi que je veux, connard ! C'est Kurtz. Je veux Kurtz ! T'as compris ? Kurtz ! T'es où Kurtz ? Espèce de sale fils de pute ! J'y retournerai pas. Jamais ! Et ta merde, tu pourras toujours aller la demander aux flics !
Joignant le geste à la parole, l'individu ouvre sa mallette et en vide le contenu par terre.
Des dizaines de sachets plastique tombent sur le sol.
Il les foule aux pieds, libérant une poudre blanche.
L'homme hurle de plus belle.
- T'es où, salopard ? Y'en a pour combien là ? Le prix de ma vie ?
Merde ! C'est quoi ce cirque ?
Courbé en avant, Merceron traverse un magasin de chaussures en quelques secondes et se poste dans un angle mort, tout près de la seconde issue.
Il voit à présent sa cible de dos, à trois mètres de distance.
Il sort son arme de service, puis la rengaine aussitôt.
Des pleurs d'enfants retentissent dans la galerie.
Trop de monde, ce type est complètement barré !"
L'avis de Dazboness : Premier roman des voies de l'ombre écrit par le duo Camut&Hug, Prédation est un véritable chef d'oeuvre de narration, de complexité scénaristique et de ce grain de folie qui fait de ce roman un petit bijou d'écriture. Un régal à lire.
Car en effet, les auteurs nous permettent de voleter d'un point de vue à l'autre : celui des forces de l'ordre, mais également celle des prisonniers (aussi bien le père de famille que la fillette) et surtout celui du kidnappeur, le dresseur.
Les analogies avec le film de référence du criminel donne une profondeur particulière et insidieuse à l'histoire. Plus encore lorsque l'on a vu le dit film, et probablement plus encore en ayant lu certains romans ayant inspiré le dit film.
Bref en partant du principe qu'un être malade puisse être subjugué par un personnage fictif au point de transcender ses principes amoraux, les auteurs ont créé ce kidnappeur/dresseur/meurtrier à la psychologique redoutablement perverse.
Le fait de se mettre également dans la peau de l'inspecteur en charge du dossier n'est pas nouveau, pas plus que de voir le point de vue des victimes. Mais subir cette déshumanisation avec elles est étrangement nouveau et primaire à la fois, faisant appel au souvenir de ce qu'à pu être l'humanité et des dérives que pourraient entrainer un tel comportement.
En définitive, un livre envoûtant, nous entrainant toujours plus loin dans l'horreur... jusqu'à la dernière ligne.
Auteur : Jérôme Camut & Nathalie Hug
Editeur : Le Livre de Poche
Prix : 7,50 €
Nombre de pages : 563
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