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Enter freely, and be unafraid

Par Katchoo86

Ambassadrice de l’étrange et du mystère pour DC Comics, Madame Xanadu est peut-être logiquement  l’un des personnages féminins les plus énigmatiques et vaporeux de l’éditeur. Apparue pour la première fois en février 1978 ans les pages de la série Doorway to Nightmare, il faut pourtant remonter un peu plus dans le temps pour connaitre ses véritables origines et comprendre ce qui a inspiré l’artiste Michael William Kaluta pour donner à cette héroïne l’aspect et l’aura que nous lui connaissons.

Enter freely, and be unafraid
Dans les années 70 la mode était à ce que chaque “mystery comics” (des séries horrifiques ou à suspense dont les plus célèbres sont The House of Mystery et The House of Secrets publiés par DC Comics) ait un hôte pour introduire et conclure une histoire indépendante, à l’image du célèbre Crypt-Keeper des Contes de la Crypte. C’est à cette époque que l’éditeur Joe Orlando vient voir l’illustrateur Michael W Kaluta et lui demande de réfléchir sur l’aspect visuel d’un nouveau personnage, (oui oui le fameux character design !) qui sera l’hôtesse d’une nouvelle série intitulée Doorway to Nightmare. Orlando a déjà une idée bien précise de ce personnage, il la voit comme une une gitane adepte de la taromancie et qui tient une petite boutique au coeur de Greenwich Village. Mais il n’a pas idée à quel point Kaluta est définitivement la personne idéale pour ce travail, lui qui a auparavant pu s’exercer sur un autre mystery comics,  Forbidden Tales of Dark Mansion et dont Charity, l’hôte mystérieuse de la série pendant 7 numéro va servir de base pour donner naissance à Madame Xanadu. On retrouvera cette Charity dans le Starman de James Robinson en 1994, mais ça les enfants c’est une autre histoire.

Mais au fur et à mesure de son développement, Madame Xanadu ne va pas uniquement se voir être une simple conteuse d’histoire horrifique, elle va finalement être partie prenante de ce conte, devenant une conseillère adepte du paranormal et de l’ésotérique lorsque des âmes en peine osent pousser la porte de son obscure boutique.
Car la série Doorway to Nightmare suit une formule bien précise et identique dans chaque numéro : un couple dans la tourmente et en proie à des forces occultes vient chercher de l’aide auprès d’une taromancienne bien mystérieuse qui collectionne d’étranges bocaux exposés tels des trophées sur une étagère. Dans Doorway, la romance et le mystère sont deux éléments indissociables.

Enter freely, and be unafraid

L’autre atout de cette série qui ne durera finalement que 5 numéros (ou presque), était de faire collaborer artistes et scénaristes de différents statuts, qu’ils soient nouveaux ou déjà bien établis. En combinant par exemple un scénariste débutant avec un artiste vétéran et vice-versa, l’éditeur Jack C. Harris qui succéda à  Joe Orlando visait à donner une véritable vitrine à ces artistes.
Seul  Michael W Kaluta resta sur tous les numéros en tant que cover artist, et quelles couvertures, plus somptueuses les unes que les autres. L’illustrateur ne fut jamais en contact avec les artistes et les auteurs qui officiaient sur les intérieurs, et n’eu jamais connaissance des histoires abordées dans les différents épisodes. Il parvint pourtant à chaque fois à capter magistralement et de façon très appropriée  le climat général de cette mini-série.

On doit ce superbe visage et ces yeux abyssaux à Cathy Ann Thiele, la petite amie de l’époque de Kaluta qui lui servira de modèle en posant régulièrement pour lui.

Enter freely, and be unafraid
C’est David Michelinie qui prend en charge l’écriture du premier numéro de Doorway to Nightmare, aidé de Val Mayerik aux dessins, et dans lequel les éléments fondateurs et emblématiques qui entourent le personnage sont déjà présents : la citation “Enter freely, unafraid” sur la devanture de la porte, Christy Street (en référence à Christopher Street), et le fait que la porte de la boutique ne peut s’ouvrir de l’extérieur uniquement par des personnes dans le besoin. Les mystérieux bocaux sont déjà également en place.
Au fil des numéros, Madame X aura à faire à des vampires et autres succubes, pratiquer un exorcisme ou encore mettre à mal un démon tout droit sorti d’une bouilloire (ceux là c’est les pires, je vous jure).

Malheureusement, et tout comme sa comparse Vixen comme nous l’avons vu précédemment, Madame Xanadu va également faire les frais du DC Implosion, et la série Doorway to Nightmare être annulée au bout du 5ème numéro. Mais la bonne fortune de notre héroïne ne va pas toutefois s’arrêter là, puisque la suite initialement prévue dans les pages de Doorway va être publiée dans le magazine The Unexpected #190 ainsi que dans le fameux Cancelled Comic Cavalcade. Ce 6ème numéro est intitulé Tapestry of Dreams, et Adrienne Roy, déjà présente dans le #5 officie sur la colorisation (les habitués de ce blog relèveront ce petit détail

;)
)

Madame X revient également dans les # 192, 194 et 195 de The Unexpected (nous sommes en 1979), suivant le même principe de ce qui a fait l’essence de la première série : un savant mélange de paranormal et de romance. Elle aurait également dû apparaître dans The Unexpected #200, mais cet épisode subit de nombreux changements pour devenir au final Madame Xanadu #1 et être directement publié. L’un de ces changements fut celui de sa couverture toujours dessinée par Michael W Kaluta, qui dû changer les protagonistes représentés sur les cartes que tient l’héroïne.

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Steve Englehart et Marshall Rogers, sont au commandes. Ces deux artistes acclamés par la critique grâce à leur run de huit épisodes sur BatmanDetective Comics #469-476) vont développer finalement une histoire sur 3 numéros à la demande de Jack C. Harris.
Madame X fut ensuite présente dans diférentes séries du DCverse, de Wonder Woman à Superman, jusqu’à jeter un sort à l’Anti-Monitor en personne dans Crisis on Infinite Earth #10 en janvier 1986.

Les évènements de Crisis vont indirectement entraîner notre héroïne aux côtés d’un autre personnage tout aussi emblématique : le Spectre et son incarnation terrestre, le policier Jim Corrigan (rien à voir avec le flic ripou de Gotham Central). Les deux se rapprochent très vite jusqu’à ce fameux The Spectre #9 paru en décembre 1987, montrant “malencontreusement” une Madame X totalement nue sous le crayon du très talentueux Gray Morrow. Le scénariste Doug Moench se souvient :
“Même si je n’ai aucun problème avec la nudité, The Spectre n’était pas destiné à un lectorat mature. Et bien que Madame Xanadu était formidablement bien dessinée, je devais prévenir mon éditeur Rober Greenberger que nous allions au devant de gros problèmes. Il m’assura que les scènes de nudité seraient éliminées à la colorisation. Le numéro fut publié tel quel comme je le craignais, et de nombreux parents vinrent se plaindre auprès des comic shop dans un mini cataclysme. L’éditeur fut viré du titre, mais le mal était déjà fait, craignant d’autres plaintes 30 % des libraires annulèrent leur précommande.” 

En 1993 dans une seconde série du Spectre, le scénariste John Ostrander décide de donner un peu plus de lumière aux origines de Madame Xanadu. Dans The Spectre #7 on apprend ainsi qu’elle est une sorcière issue des légendes Arthuriennes, et qu’elle se prénomme Nimue (autrement dit, elle est l’incarnation de la Fée Viviane). Il développe également son antagonisme envers le personnage du Phantom Stranger.

Enter freely, and be unafraid

En 2008 l’éminente éditrice et patronne du label Vertigo,  Karen Berger, demande à Bob Schreck de contacter le scénariste Matt Wagner et de créer une série avec Madame Xanadu dans le rôle titre. L’idée d’embaucher Amy Reeder au dessin viendra de l’assistant de Schreck, Brandon Montclare, qui avait travaillé avec elle chez Tokyo Pop.
Wagner
décide de reprendre les origines de l’héroïne à travers les époques en expliquant notamment comment elle réussit à séduire et emprisonner Merlin, gagner son immortalité en jouant aux cartes avec la Mort (en l’occurrence la fameuse Death de Neil Gaiman), mais également entretenir sa relation passionnelle et contradictoire avec le Phantom Stranger. La série durera 29 numéro.
L’arc intitulé Exodus Noir (du #11 au #15) a la particularité de voir enfin Michael W Kaluta dessiner les intérieurs, après toute ces années où il avait sublimé son héroïne au travers de ses couvertures, oui on peut dire qu’il était temps.

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