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Terdav Trail World Tour, Saint-Jacques: 33e étape: enfin les montagnes!

Publié le 26 mai 2012 par Sylvainbazin
Aujourd'hui le décor, qui m'a posé tant de soucis ces derniers jours, a enfin changé. Je suis enfin sorti de cette Meseta, pour marcher dans les moyennes montagnes des Monts du Léon. La température était bien entendu également plus clémente, d'autant plus que j'évoluais le plus souvent au-dessus de 1200 Mètres d'altitude. La journée aurait donc pu vraiment être parfaite si... Mais je vais vous raconter! Je me suis levé dans une forme pas vraiment optimale, ce matin, à Astorga. J'ai passé une nuit "hachée", à cause de la fatigue et de mes maux de dents. Le petit déjeuner avalé (on m'y a offert gentiment la dernière spécialité locale, le Mantecadas, un gâteau au beurre pas mauvais du tout), je suis reparti en direction du centre-ville. J'ai pris bien le temps d'admirer la cathédrale, son beau portail, et encore une fois le palais épiscopale de Gaudi. Les rues sont bien entendu désertes à cette heure là, il n'est que huit heure. Mes premiers pas sont tout de même un peu plus rassurants qu'hier, preuve que le vin rouge et les churros ont fait leur effet. Je quitte rapidemment la ville. Soulagement: le décor change enfin véritablement. Il subsiste encore certes quelques longues lignes droites, mais j'évolue maintenant dans une belle lande plantée de bruyères. Les fleurs sont belles, la vue sur les montagnes, qui approchent à grand pas, l'est tout autant. Mon coeur est du coup plus léger. Mes pensées, que j'avais du fixées, éduquées dans l'immense étendue monotone, sont à nouveau plus libres, plus gaies sans doute aussi. Certes, je n'avance pas avec une grande efficacité: mon pas, et je pense que cela risque être ainsi jusqu'au bout, est désormais moins puissant, plus fatigué; mais tout de même, le plaisir de marcher revient. Je double encore pas mal de randonneurs, de toutes nationalités, qui répondent le plus souvent "buen camino" à mon "hola", qu'ils soient germaniques, latins ou asiatiques. Les villages traversés sont également plus vivants, plus coquets que ces derniers jours. Je marche les vingt premiers kilomètres sans presque m'en apercevoir. Après une pause café à Rabanal del Camino, une église et de vieilles maisons particulièrement bien restaurés, je repars au milieu des bruyères et des chênes verts. Le chemin monte doucement, j'atteins ainsi les 1500 mètres d'altitude. Le temps a bien changé: le vent souffle, quelques gouttes tombent. Je me résous même à enfiler mon TShirt à manche longue ERREA pour me protéger de cette fraîcheur à laquelle ces derniers jours m'avait un peu déshabitué. Je m'accorde ensuite un vrai déjeuner, j'ai remarqué que grignoter me causait tout de même plus de fatigue finalement, dans le village véritablement montagnard de Foncebadon. Ensuite, je navigue dans une belle lande de moyenne montagne, tout en couleurs de printemps. La montagne en face de moi est même véritablement rose, à cause des fleurs de bruyères qui l'envahissent. Un peu plus loin, mais pas trop, on aperçoit des zones encore enneigées. Je suis bien plus à l'aise dans ces terrains qui me conviennent, à mon regard et à mon pied. Seulement... bêtement, pour tester un peu la sensibilité du nerf que mon dentiste, qui travaille à l'ancienne, a mis à vif juste avant mon départ (et qui était jusqu'à présent protégé), je réveille la douleur d'une façon assez fulgurante. S'en suit alors une bonne heure où je vais évoluer dans un univers parallèle... marchant, certes, mais presque étourdi par la douleur névralgique, goûtant tout de même la beauté des lieux mais en souffrant terriblement. Au moins je n'ai pas trop mal aux jambes. A l'entrée d'un petit village, je me résous tout de même à prendre un "pain killer", le 3e comprimé de médicament que j'avale depuis mon départ il y a 34 Jours... L'effet est quasi immédiat. La fin du parcours est en prime largement en descente, d'abords sur une petite route puis sur des sentiers assez pierreux; mes chaussures à semelles très fines y révèlent d'ailleurs leurs grosses limites en terrain techniques: il faut vraiment avoir le pied "népalais" pour ne pas trop sentir la rudesse des pierres. A l'instar de Stevenson j'aime "sentir la force du granit sous mes pieds" mais les limites existent tout de même... la tendance "minimaliste" est assez proche du fakirisme dans certaines conditions! Le parcours reste agréable et fleuri. Et puis même certaines portions, objectivement assez banales, m'enchantent en comparaison de cette Meseta désespérante que je viens de traverser. A part le Tibet, je crois n'avoir jamais rencontré paysage si monotone. Dans le dernier village avant l'arrivée, je fais des rencontres: un premier très gros chien qui monte la garde avec bonhommie, trois chats, puis deux petits chiens au seuil d'une maison. L'un d'entre eux est équipé d'une muselière. Je lui demande si c'est parce qu'il est méchant qu'il est ainsi appareillé. Je tente de le photographier et j'ai alors la réponse: c'est effectivement ça; il est hargneux! Et comme son compère, non muselé, l'est tout autant, je les laisse sans avoir pu faire de cliché. C'est ainsi que j'arrive dans le beau village de Molinaseca, où je mets un peu de temps à trouver l'auberge, tout à la sortie du bourg. C'est une auberge espagnole classique, les boules-quiès seront de sortie ce soir. J'y fais des rencontres bien sympathiques: je discute d'abords avec les italiens qui partagent mon dortoir. Ces six amis bergamasques n'en reviennent pas que je puisse marcher autant. Ils me posent pas mal de questions sur mon alimentation, examinent l'état de mes pieds... Ensuite, je dîne en compagnie d'un très gentil couple de flamands et d'un groupe d'amis du bordelais. Notre conversation roule bien entendu sur le chemin, nos étapes. Avec André et Maïté, j'aborde aussi la question de l'équipement: ils sont partis, comme nombre de pélerins que j'ai rencontré, avec des sacs trop lourds et des chaussures inadaptées, trop lourdes également. Cependant, les miennes aujourd'hui se sont révélées presque trop légères, comme quoi rien n'est jamais simple... quoique marcher sur le chemin reste un acte à la fois d'une simplicité totale et gratuite et d'une complexité totale, fruit d'un engagement si propre à chacun... Demain, je vais encore pouvoir en mesurer l'étendue, car c'est une très longue, 60kms, et très valllonée étape qui m'attends jusqu'à O Cereibro... Ce sera sans doute la journée la plus difficile avant la fin de mon périple, enfin... j'espère prendre du plaisir!

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