Ce ne sont pourtant pas les fonctions disponibles qui vont révolutionner les standards du secteur : en dehors de la consultation des comptes, seule la possibilité de réaliser des virements est évoquée dans la description de l'application. Il semble donc impossible d'exécuter d'autres opérations et les outils de gestion de finance personnelle (PFM) qui se généralisent progressivement, restent résolument absents.
En revanche, sa présentation marque nettement la différence. L'utilisateur peut organiser ses comptes à sa convenance (tris, groupes...) et, surtout, il dispose d'une vue en "ligne de temps" (sur 6 mois seulement, hélas) – au choix sur les soldes, les recettes ou les dépenses – qui transformera sa perception de sa situation financière. Elle permet, par exemple, de repérer d'un coup d'oeil les événements importants et d'accéder instantanément au détail des transactions correspondantes.
Cette interface spécifiquement adaptée à l'iPad, est le résultat d'une approche "feuille blanche" de la conception. En "oubliant" tout ce qui existe préalablement sur le web et sur mobile, la banque peut se concentrer sur les particularités de la tablette et délivrer une expérience utilisateur optimale. Bien qu'il s'agisse là d'une recommandation quasi-universelle, rares sont les établissements à l'avoir mise en pratique. Un autre cas connu est celui de Citi, dont "Easy Banking" rappelle d'ailleurs certains aspects de son application.
Pour ceux qui douteraient de la pertinence de ce conseil, il suffit de consulter les avis des clients de BNP Paribas Fortis pour changer d'avis : avec une note moyenne de 4½, l'application est visiblement mieux appréciée que celles qui se contentent de répliquer sur tablette, à l'identique, tous les services présents dans la banque en ligne.
La comparaison avec la solution "Mes Comptes" de BNP Paribas (en France) est, de ce point de vue, éloquente : la note de 2½ de celle-ci (aussi due à des dysfonctionnements, apparemment) prouve, dans une certaine mesure, que les utilisateurs d'iPad attendent une vraie prise en compte de leurs attentes, alors que leur banque ne leur propose ni conception spécifique ni, a minima, fonctions équivalentes à celles de la version actuelle des services en ligne.
Il faut donc continuer à marteler le message : la tablette, comme le smartphone, est un canal d'interaction à part entière, pour lequel une stratégie dédiée doit être développée et mise en œuvre. Et plus le mobile prend de l'importance dans la vie des clients, plus ces canaux doivent prendre la priorité sur les autres. Si on peut encore sourire, aujourd'hui, de commentaires tels que "je ne peux consulter mes comptes sur iPhone et je change de banque pour cette raison" (paraphrasé mais réellement lu sur l'AppStore Apple), il faudra probablement les prendre au sérieux à brève échéance.