L’OLM Souissi, ayant accueilli Scorpions pour ce qui restera comme le point d’orgue de cette 11ème édition de Mawazine, abritait un autre poids lourd hier, avec le 1er concert en terre africaine de Lenny Kravitz, multi-instrumentiste de talent et 4 fois lauréat des Grammy Awards de la “Meilleure Performance Rock Masculine”. Chronique !
Une chose est sure, Scorpions ont mis la barre très haute jeudi soir, puisant dans le fond de leur répertoire enraciné dans le Hard Rock. Lenny Kravitz avait donc l’ardue mission de les supplanter et de faire vivre un public certes moins nombreux que la veille, mais tout aussi enthousiaste de voir ce talentueux new-yorkais de naissance monter sur scène. Car Lenny Kravitz est un musicien complet, aussi habile par ses capacités vocales que par l’armada d’instruments qu’il sait jouer. Entre guitare, basse, clavier ou encore percussions, il est l’un des rares artistes à pouvoir s’enorgueillir d’enregistrer quasi-seul ses albums.
C’est avec une dizaine de minutes de retard que Lenny se présenta sur scène, rejoint par l’ensemble de son groupe. Et là, première grosse surprise de la soirée, je découvrais que la bassiste n’était autre que Gail Ann Dorsey, mondialement reconnue comme l’une des bassistes les plus confirmés, elle qui accompagne notamment David Bowie depuis une quinzaine d’années dans ses tournées internationales. Dès lors, la soirée s’annonçait de feu ! Et c’est ce que le new-yorkais s’empressait de confirmer avec 3 titres qui allaient enflammer le public. En effet, Come On Get It, Always On The Run et surtout American Woman, reprise de The Guess Who, donnaient un premier aperçu de cette soirée et confirmaient que Lenny Kravitz allait tout donner pour satisfaire le public.
“I finally made it” c’est avec ces mots que Lenny Kravitz nous parla. Il n’avait passé que 2 jours au Maroc, mais c’était suffisant pour confirmer tout le bien qu’il pensait de cette terre “magique”, selon ses propres mots. “It’s about a connection” car Lenny était surtout là pour voir son public marocain, pour se connecter avec lui et ainsi casser cette frontière qui sépare souvent l’artiste et son public. Et la musique repartit, avec cette fois It ain’t over till it’s over, une ballade douce en mid-tempo issu de My Mama Said, album qui faisait partie des ses premiers succès. Cab Driver, dont une partie du public se fit un plaisir de scander l’aisé refrain, a vu un Lenny Kravitz détendu, à l’aise sur scène, se baladant parmi ses musiciens et saluant le public. Parfait timing pour lancer un sacré solo du trompettiste qui allait introduire Black & White America, chanson retraçant l’histoire personnelle de Lenny, en commençant par ses origines métissées, son père étant blanc et sa mère afro-américaine, puis par la jeunesse de notre new-yorkais.
Fields of Joy commence avec un tempo lent. Celui ci laissera rapidement place au saxophoniste, cette fois, pour un solo haletant, avant de s’estomper pour revenir à un rythme encore une fois ralenti et ainsi passer sans transition à Stand By My Woman. Ce dernier, titre un brin romantique, sera encore une fois l’occasion de voir l’étendu du talent du trompettiste, saxophoniste et tromboniste dont il faudra saluer l’excellente prestation. Believe et Stand faisaient quelque peu refroidir le public par leur tempo lent, chose que rectifia Lenny Kravitz en lançant Rock Star City Life. C’est là qu’on sentit qu’on était bien dans le vif du sujet, Lenny laissant la vedette à son guitariste, Craig Ross qui nous livra un solo de haute volée. Where Are We Runnin’ vit Lenny occupait le piano pour un petit aperçu de son talent de clavetiste, laissant au public le soin de reprendre le refrain.
Vint le moment que j’attendais tout le long de la soirée. Sur Fly Away, Gail Ann Dorsey prit enfin la vedette pour ainsi confirmer l’immense talent qu’on lui connaissait. Avec Are You Gonna Go My way, Lenny Kravitz livre encore une fois la scène à son groupe, pour un solo collectif, où chacun des musiciens présents sur scène se fit une joie de donner un récital de son instrument. Lenny s’éclipsa quelques minutes puis revint nous introduire à son groupe pour entamer Let Love Rule, si attendu des connaisseurs et qui allait durer une bonne trentaine de minutes. Et là, à la surprise générale, Lenny Kravitz fit ce que jamais un artiste n’avait fait auparavant à Mawazine. Il descendit pour un bain de foule pour ainsi entrer directement en symbiose avec le public comme il l’a promis au début de son concert. Déroutant !
Nous noterons à la fin la prestation remarquable de Lenny Kravitz et ses musiciens qui ont fait un sans faute et ont su littéralement entré en communion avec le public en leur communiquant leur énergie. La réception, par contre, n’était parfois pas à la hauteur et la mention légèrement défavorable va donc à une partie du public qui, malgré le fait qu’elle ait paru énormément apprécié le concert de Lenny, a quelque peu réagi mollement devant les incessants encouragements de ce dernier à les faire participer dans le show.
Yassine El Adraoui (Yassine El Adraoui)
Etudiant en Médecine aux goûts très éclectiques. J'ai pour principe de ne jamais dire non à de la bonne musique quelle que soit son origine.
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