La saison est finie. On en connaît son déroulement, nul besoin de revenir dessus. Avant que l’exercice 2012 – 2013 ne débute, les supporters – tous clubs confondus – vont être tenus en haleine par le fameux mercato estival. Jusqu’au 31 août, 19h00 (en Italie), d’incessantes rumeurs vont circuler – et circulent déjà ! – sur la toile et dans les journaux. L’occasion est trop belle pour ne pas traiter quelques dossiers, plus ou moins connus.
Séquence émotion. L’AC Milan a débuté son mercato par des sorties en veux-tu, en voilà. La révolution tant attendue a bien eu lieu puisqu’il ne reste plus que deux sénateurs : Christian Abbiati et Massimo Ambrosini. Si nous étions préparés à exprimer nos adieux à Pippo Inzaghi, d’aucuns n’auraient pu prévoir qu’Alessandro Nesta et Gennaro Gattuso quitteraient également le navire. Ces deux grands champions en avaient encore sous la semelle, mais pas assez à leur goût. Ils n’ont pas voulu se mentir et ont ainsi préféré mettre un terme à leur période milaniste, trop exigeante d’un point de vue physique. Une situation est en suspens, et surprise (ou pas), elle concerne Clarence Seedorf. Le batave s’est laissé quelques jours de réflexion afin de prendre une décision, celle qu’il estimera être la bonne. Businessman avisé, il est à la tête de diverses affaires à Milan ; quitter la capitale de la mode l’obligerait peut-être à en délaisser certaines. Cela dit, le joueur devrait s’envoler pour le Brésil, pays qu’il affectionne particulièrement puisque c’est celui de sa femme, afin de signer un contrat avec le club de Botafogo. Honnêtement, on voit mal les dirigeants lui proposer quoi que soit, eu égard à son rendement d’une part, puis à la relation tendue qu’il entretient avec Massimiliano Allegri d’autre part.
Qui dit départs, dit arrivées ? Oui et non. Il y a quelques jours de cela, une réunion s’est déroulée entre les dirigeants et les différents staffs. Plusieurs questions ont été abordées : comment rester compétitif tout en abaissant (drastiquement) la masse salariale ? Que faire pour que cessent enfin les blessures en cascade ? Quid de la pelouse de San Siro, plus que jamais sujette aux critiques (cf. déclarations de Wenger et Guardiola) ? Bref, autant de thèmes fondamentaux quant au futur de l’AC Milan. De cette réunion, en sont ressorties des réponses claires. Tout d’abord et c’était prévisible, Galliani devra faire avec ce qu’il a, à savoir pratiquement rien. Le numéro deux du club est chargé de dénicher les meilleures affaires avec un budget extrêmement restreint (cf. article précédent). Que voulez-vous, c’est la crise ! Le roi du low cost a pour le moment bouclé trois dossiers : Riccardo Montolivo (27 ans), Bakaye Traoré (27 ans) et Gabriel (19 ans).
- Le premier est une valeur sûre de la Serie A. Sa venue était un secret de polichinelle puisqu’un accord verbal avait été trouvé depuis l’été dernier. Les tifosi de la Fiorentina ont très mal pris ce qu’ils considèrent être une félonie, et le lui ont fait comprendre tout au long de la saison. A l’entraînement comme en match, le joueur a dû essuyer sifflets et invectives. Ce n’est pas tant son départ qui a été rejeté, mais la manière personnelle dont l’intéressé a agi : il a décliné une prolongation de contrat qui aurait alors permis à son club d’enregistrer une coquette somme, ceci afin de faciliter son départ vers le Milan. C’est dans un climat pour le moins pernicieux que Montolivo a disputé cette dernière saison, ce qui explique peut-être ses prestations en demi-teinte. En pleine force de l’âge, une nouvelle aventure s’ouvre à lui. Devant la défense ou en mezz’ala, voilà les postes auxquels Allegri entend le faire jouer.
- Le second est un inconnu du grand public. Pour tout dire, nombreux étaient ceux à ignorer son existence. Apparemment suivi depuis quelques mois par des émissaires du club, il a plutôt satisfait. Comme toujours dans ces affaires à paramètre zéro, le risque flop est très élevé ! Dernier cas en date, celui de Taïwo. Le cas Nocerino semble être l’exception qui confirme la règle. Les tifosi se garderont donc de juger trop précipitamment, même si in petto des inquiétudes subsistent. L’international malien, qui évoluait à Nancy depuis 2009, présente des caractéristiques similaires à celles de Flamini, avec néanmoins un morphotype [Meso-Ectomorphe] sensiblement différent : court beaucoup et se projette bien vers l’avant. Son plus grand fait d’arme est d’avoir réalisé une très bonne CAN 2012, emmenant son pays en demi-finale. (Halte au feu de paille !).
- Le dernier est un jeunot de tout juste 19 ans, acheté 500.000 euros. Malgré son âge, il réussit à se faire un nom au Brésil en défendant les cages de la sélection auriverde -20 ans. Certains experts osent la comparaison avec Taffarel, illustre portier brésilien des années 90. Dans l’immédiat, il ne peut guère prétendre à plus qu’une place de troisième gardien, derrière les expérimentés Abbiati et Amelia – vis-à-vis desquels il devra apprendre. Le gros bémol est qu’il mange une place d’extra-communautaire. Ces places sont aussi rares que précieuses, donc forcément, ça la fout mal qu’une d’elles soit occupée par un joueur de second rang.
Parmi les mesures phares prises lors de la réunion, il y a la volonté de passer d’un effectif de 36 à 25 joueurs. A l’instar de la politique des grandes écuries européennes, le qualitatif doit primer sur le quantitatif. Une telle mesure permettra non seulement de faire chuter la masse salariale, mais aussi à Allegri et son staff athlétique de mieux gérer les entraînements en effectuant des activités personnalisées. Gageons que cela ait un réel impact sur le plan sportif.
Vous n’êtes pas sans le savoir, durant le mercato, les rumeurs vont bon train. Les journalistes s’en donnent à coeur joie et n’hésitent pas à déphaser l’esprit de leurs lecteurs. Un jour tel joueur est annoncé ici, un autre jour là-bas… pour finalement rester où il est ou partir ailleurs. Bref, ces périodes de transfert constituent un véritable casse-tête chinois et c’est là que l’Euro arrive à point nommé. Imaginez un instant que nous eussions eu une année impaire, sans Copa América (tournoi qui a lieu alternativement tous les deux, trois ou quatre ans). Quel calvaire ! Hum, je vois déjà venir les vacanciers nous narguer avec leurs phrases toutes préparées : « Perso, je me pose pas trop ce genre de questions. Ben oui, avec le soleil, la plage et les nanas toutes bronzées, pas le temps de penser à la baballe. » A ceux-là, nous leur exprimons une expression chère à Antonio Cassano, mais nous sommes certes trop polis pour le clamer haut et fort.
Les dossiers en cours sont par définition compliqués à analyser. Démêler le vrai du faux est une tâche rude, on ignore ce qu’il adviendra tant que rien n’est officiel (hein, pas vrai, Spagnolo ?). Ce qu’on peut dire, néanmoins, c’est que certaines affaires sont plus avancées que d’autres.
En l’occurrence, un nom revient avec insistance : Francesco Acerbi (24 ans). Le défenseur du Chievo, fan du Milan depuis sa tendre enfance, a d’ailleurs confirmé l’intérêt que le club rossonero lui porte : « Jouer au Milan serait un rêve qui se concrétiserait (…). Je n’attends désormais qu’une chose : que mon agent me dise de signer. » Vous l’aurez compris, il sera probablement la quatrième recrue. Reste à savoir s’il est prêt pour une équipe de ce standing, lui qui n’a pas tant joué que cela au Chievo. En tout cas, son entraîneur actuel, Domenico Di Carlo, ne tarit pas d’éloges à son égard et l’estime on ne peut plus disposé.
En défense, toujours, la piste menant à Angelo Ogbonna est étudiée avec sérieux. Pour combler le départ de l’irremplaçable Nesta, on ne saurait imaginer que des joueurs quelconques soient recrutés. Bien qu’évoluant en Serie B avec le Torino FC (promu en Serie A), ce gaillard polyvalent a tellement impressionné qu’il se retrouve dans la pré-liste des joueurs convoqués par Prandelli en vue de l’Euro. Aussi à l’aise au centre que sur le côté gauche, il résoudrait bien des problèmes au Mister, parfois contraint de repositionner Bonera au poste de latéral ou pire, de faire jouer le modique Mesbah. Son arrivée est plausible mais les probabilités sont moins importantes que pour Acerbi, eu égard au prix élevé que réclame le Torino.
Au milieu, les noms de Gaby Mudingayi (30 ans) et Marco Rigoni (32 ans) sont souvent cités. Certes auteurs d’une belle saison, leur âge a tout de même de quoi nous laisser pantois. A quoi bon remplacer des trentenaires par… des trentenaires ? Mais ces noms servent surtout à passer sous silence les dossiers importants ! Vous savez, les joueurs que vous pouvez voir dans le dernier sondage : Nuri Sahin (23 ans), Kevin Strootman (22 ans), Paulo Henrique Ganso (22 ans) et autre Christian Eriksen (20 ans). Les agents des trois premiers cités ont été aperçus au siège du club, à la Via Turati, tandis que les dirigeants ont certainement laissé passer leur chance pour la pépite danoise de l’Ajax. Naturellement, tous ne viendront pas, mais conclure ne serait-ce qu’une seule de ces négociations positivement serait un très bon coup réalisé. Rien n’est fait, mais certaines sources indiquent que ce n’est plus qu’une question de temps pour Strootman. Le PSV Eindhoven aurait carrément cessé de négocier avec Manchester United, également intéressé, afin d’en finir rapidement avec l’AC Milan.
Dans la famille Absurde, je demande le père. Ah, tiens, je l’ai ! Il est chauve, répond au prénom d’Adriano et a pour patron un vieux proxénète plein aux as. Vous l’aurez deviné, il s’agit de Galliani, lequel n’a pas manqué de culot en proposant à ses homologues de Liverpool de céder Aquilani gratuitement, ceci après l’avoir acheté très cher et fixé un accord avec Milan. Une telle attitude est mesquine et peut, à terme, avoir des répercussions nuisibles. En effet, en constatant la nature de ces négociations, il y a le risque de se mettre à dos une partie du milieu. Défendre ses intérêts est une chose et elle ô combien compréhensible, mais on ne saurait faire prévaloir les intérêts sur les principes sans en tirer des conséquences. Au rayon des sorties, on est en droit de penser qu’Aquilani y figurera.
Devant, pour finir, deux questions sont à l’ordre du jour : quel attaquant recruter ? Quel avenir pour Robinho ? C’est une certitude, les dirigeants s’affairent à trouver un vice-Ibra. Avec les départs de Maxi Lopez et Inzaghi, l’équipe ne peut se contenter de son génie suédois. Il a beau être solide (c’est un euphémisme), il n’en reste pas moins humain et est également exposé aux blessures et à la maladie. Pour le moment, aucun nom ne circule assez pour être pris en considération. Fut un temps où nous évoquâmes Van Persie, un autre Balotelli, mais ne tombons pas dans l’utopisme. Après des années passées à être prêté ici et là, la saison à venir pourrait être celle de la confiance pour Alberto Paloschi (22 ans), pur produit du club. Celui que Pippo considère comme son successeur patiente depuis belle lurette et rêve de s’afficher sur le long terme en tant qu’élément à part entière de l’AC Milan. La seconde question qui taraude les esprits concerne donc Robinho. Partira, partira pas ? Si oui, dans quel club et contre quelle somme ? Disons-le, le fantasque brésilien n’a pas su confirmer les espoirs entrevus lors de sa première saison. Et là, il ne s’agit pas de railler sa propension à trembler devant les cages adverses, nullement, mais force est de constater que le joueur généreux et au service de l’équipe vu lors du sacre de 2011 s’est transformé en un intermittent du spectacle. Alors que sa valeur marchande est encore intéressante et que les nouveaux riches de Malaga se sont officiellement manifestés, on se pose une question qui travaille sûrement la tête des dirigeants : quid de Robinho ?
Quoi qu’il en soit, le mercato de l’AC Milan est déjà bien agité. Après les départs pléthoriques énumérés, la transition ne sera pas chose aisée. A ce titre, la saison à venir sera particulièrement intéressante à observer. Si une prise de conscience devait irrémédiablement se faire jour, on est aujourd’hui perplexe quant au caractère soudain de certaines décisions. Les tifosi sont partagés entre les mesures entreprises qu’ils espèrent concluantes et la soudaineté de certains dossiers. Pour mener une bataille, il faut de jeunes soldats intrépides mais aussi, pour les mener, de vieux roublards expérimentés. Or, l’équipe vient de perdre coup sur coup de nombreux hommes forts du vestiaire. Ici, plus que jamais, l’entraîneur aura une responsabilité qui par la force des choses lui incombera. Pour sa troisième saison au club, Max Allegri sera chargé d’assurer la transition en trouvant la recette gagnante, celle du bon équilibre. Le passé appartient au passé, regardons de l’avant.
Forza Milan !
Partagez l'article :Article rédigé par marok'1
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