Cela commence par une citation de Jean Giono : « Alors comme ça, pour toi, l’air c’est du vide ? ». Seule sur une page blanche ce n’est déjà plus du vide. Et puis ces premières paroles qui nous ramènent sur terre. Plus précisément sur mer, une nuit, au large du Kenya : « Abdullah espèce de con ! Ramène ta gueule ! ». Le décor est planté. À l’image de l’arbre des premières pages : air, terre, eau (mer).
À onze ans Naïm préfère l’École de la Rue à l’École Coranique, et ce au grand dépit de son grand frère, Hassan. Ses journées, il les passe à échapper à ce dernier, à faire des livraisons de khat, et parfois rouler quelques touristes de passage. Naïm nous sert ainsi de guide au travers les rues et surtout les toits de Lamu et un peu au large : entre terre, air et mer. Tel Tom Sawyer, ce dernier croisera une série de personnages hauts en couleurs, pas toujours très honnêtes et un peu paumés parfois.
À partir de notes de voyages, le temps de deux albums, Benjamin Flao nous emmène en Afrique. Loin de desservir l’histoire, le style graphique "carnet de voyage" donne aux personnages une grande expressivité. Pour ce qui est des ambiances, on retrouve sur certaines planches, pour quiconque y a un peu séjourné, la lumière de l’Afrique Subsaharienne à laquelle vient s’ajouter la luminosité qu’apporte l’Océan Indien. On se prend parfois à penser à Hugo Pratt et à Corto Maltese face à l’épure de certains dessins, la forme chorale du récit, une touche de fantastique/spiritualité et la mer.