Rien ne paraît superflu sur ces 13 titres dont la clarté du mixage révèle plusieurs pépites stéréo au casque : panoramiques de guitare, nappes de synthé et quelques samples disséminés çà et là. Les quatre anglais au look de geek/hipster semblent avoir longuement mûri leur son jusque dans le choix d’une batterie sans cymbales, à laquelle se greffent plusieurs bongos. Ils ont aussi admirablement réussi à tenir la bride aux effets (réverb et autres écrans de fumée) sans pour autant perdre en intensité, bien au contraire. "Something good" est d’une légèreté enivrante avec ses chœurs radioheadiens et ses rythmes chaloupés. "Bloodflood" captive par sa ligne de basse intrigante, presque solennelle. "Ms" est littéralement à pleurer. Une telle légèreté est surréaliste. Impossible de ne pas succomber à son xylophone sautillant, sa pulsation cardiaque, ses basses rondes et son final en chœurs éthérés et guitares virevoltantes.
Et pourtant, sous des tendances perfectionnistes voire intellos, la musique de Alt-J n’en demeure pas moins instinctive. "Fitzpleasure" déborde d’énergie tribale avec ses basses synthétiques saturées, ses puissantes descentes d’accord et ses breaks math-pop. C’est une véritable séance d’incantation qui invoque le spectre des new-yorkais d'Akron/Family. Même constat avec "Breezeblocks", parfaite musique d’ambiance pour s'adonner à la danse du feu. D'autres titres comme "Dissolve me" et "Taro" sont portés par des mélodies folkloriques mixées à la sauce pop. Ainsi, de sommets presque liturgiques en instants de grâce, se déroule la musique du quatuor sur ces 13 pistes (+ 1 piste cachée) tout en nuances et clairs-obscurs.
En bref : un album remarquable, d’une sagacité ahurissante pour un coup d’envoi. On pense inévitablement aux écossais excentriques de Django Django, quatuor également auteur d'un premier album de 13 pistes en 2012 (étrange, non ?)
Le clip de "Breezeblocks" :
L'album en entier :