Lorsque Tony Blair a été accusé d’avoir manipulé l’opinion
britannique pour la précipiter dans la guerre d’Iraq, il a répondu que c’était
une guerre juste. Autrement dit la faute était vénielle, car la fin justifiait les
moyens.
Le sophisme est une perversion de la rationalité. Il fait
passer pour un raisonnement rigoureux ce qui ne l’est pas. Le procédé consiste
essentiellement à justifier une conclusion prédéfinie par ce qui semble aller
dans son sens, sans prendre en compte ce qui la contredit.
The Economist, ma lecture favorite, donne des exemples de
sophisme à longueur de pages. Tout ce qui sert sa cause (le libre échange et la
gloire de la Grande Bretagne éternelle) est vu positivement, au contraire de
tout ce qui la dessert (la France, la zone euro, la main visible de l’État).
Comme M.Blair, le sophiste pense qu’il a raison, et que la
fin, l’instrumentalisation de la raison, justifie les moyens.
Cette croyance s'associe naturellement au protestantisme. En
effet, certaines de ses formes estiment que Dieu couronne ses élus de leur
vivant, en leur accordant un talent, une vocation. Autrement dit, si vous êtes
particulièrement doué pour quelque chose (faire des affaires, être un bon élève…),
c’est probablement que vous avez été choisi par Dieu.
M.Blair est catholique. Il n’y a pas besoin d’être
protestant pour s’estimer un surhomme. Le sophisme est une pathologie de la
confiance en soi !