Les quatre romans que regroupent ces deux tomes publiés par "La Pléiade" forment comme un résumé de ce résumé du monde qu'est l'oeuvre de Jules Verne. Les Enfants du capitaine Grant, Vingt mille lieues sous les mers et L'Ile mystérieuse quadrillent la Terre d'une manière très serrée, les deux premiers en en faisant le tour, l'un à la surface, l'autre en dessous, le troisième d'une manière plus subtile mais non moins exhaustive ; dispositif encyclopédique que complète avec finesse Le Sphinx des glaces, suite donnée par Verne aux Aventures d'Arthur Gordon Pym, de son modèle Edgar Poe (1809-1849), dans lequel le lecteur est embarqué vers le pôle Sud, alors inexploré, donc propice à cet émerveillement face à l'inconnu qui semble le moteur secret, sinon le but ultime, de l'entreprise vernienne d'épuisement du connu.
Car le goût effréné du savoir apparaît vite, à se replonger dans cet ensemble, comme un mouvement à ses frontières. En allant, avec son siècle, toujours plus loin, Jules Verne semble surtout chercher à aller au-delà. Le savoir ne suffit pas à habiter le monde qu'il nous découvre ; il faut autre chose, et c'est cet autre chose qui est l'objet réel des "Voyages extraordinaires" : pourquoi extraordinaires, sans cela ? Ainsi que l'écrit l'universitaire et poète Jean-Luc Steinmetz dans sa riche introduction, Jules Verne "est un imaginatif qui se sert de la science comme d'un tremplin (d'un alibi) pour réaliser son rêve, celui de redire le monde à sa manière et d'entrer tout vivant dans l'impossible".
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