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Coude... pouce ?

Publié le 25 mai 2012 par Laurelen
coude... pouce ? Qu'ai-je « vu-lu », de mes oreilles éberluées, un beau
matin, dès l'aube, à l'heure où blanchissait la campagne en métropole ?
Rien de bien politique pour une fois, mais une mesure privée (et de fait rendue
publique) facilitant l'accès à la « culture » à La Réunion pour les plus
démunis. En effet, sur une chaîne de télévision nationalement locale, donc
financée en partie avec les rares impôts indirects collectés sur le caillou
en marge de l'ISF, voili-voilou que je vais pouvoir obtenir mon journal papier
pour moitié prix, grâce à l'opération « Coup de pouce » du « quotidien
» éponyme. Noble attention, car enfin, nous, les pauvres, allons pouvoir
emballer le poisson avec un contenant moins cher que le contenu. Disons une
feuille de chou au juste prix, si l'on considère qu'un quotidien (avec ses
suppléments) se paie « a quarter » (¼ de dollar, soit 20 cents d'Euro
environ) aux USA, ou pour géographiquement se repositionner, 15 roupies à
Maurice (35 cents pour le plus onéreux mais le plus indépendant et le mieux
rédigé : L'express). A la Réunion, un quotidien de l'île valait «
nagu'hier » plus qu'une baguette de pain. Que l'on soit pauvre ou pas, nous
nous le partagions à la Bibliothèque Départementale, préférant nous «
climatiser », supposément intelligemment, 10 minutes durant, avant d'aller
prendre des nouvelles du boulanger. Opération marketing ? Peut-être, mais
l'occasion est trop belle de soulever ce qui m'apparaît comme une hérésie.
Je veux parler du prix d'un « canard », enchaîné sans desseins à La
Réunion. Il faudra que l'on m'explique cette étrange politique et ce à quoi
correspond exactement le coûteux « octroi de mer ». Pourquoi, par exemple,
des journaux comme Le Monde, Libération, Le Figaro, L'Equipe, pour ne citer
qu'eux, sont imprimés à la Réunion... et coûtent bien plus cher qu'en
métropole (1,70 Euros pour L'Equipe là où est né Roland Garros, contre 1,10
Euros Porte d'Auteuil, là où il va se jouer) ? Pourquoi des magazines voient
leurs prix majorés d'une taxe « outre-mer », alors que L'Express (celui où
le Barbier II sévit), imprimé en métropole, se vend par bonheur sur notre
île au même tarif qu'à Paris ? Pourquoi L'Humanité Dimanche est plus
abordable à Saint-Denis du 93 (2,90 Euros où il siège) qu'à Saint-Denis de
La Réunion (4 Euros, tarif pourtant supposément valable uniquement pour la
Martinique et la Guadeloupe si j'en crois la couverture). Allez savoir... Ou
plutôt, faîtes-le moi savoir. En tous cas, Le Quotidien qui, récemment, avait
hautement et ouvertement titré et scandé à sa une « Le grand bazard »
(faute de dictionnaire ou de secrétaire de rédaction, habitudes éditoriales
« péi »), m'a réconcilié avec la presse locale. Je vais enfin pouvoir la
lire à la maison, préparer mon quinté après avoir lu mon horoscope, lire les
petites annonces, remplir la grille de mots fléchés... et m'enquérir de
nouvelles sportives sans les avoir préalablement lues dans L'Equipe, qui sort
le même jour désormais (puisque plus onéreux mais imprimé dans l'île).
Merci donc pour ce « coup de pouce », même si l'on sait que la distance
(Coude-Pouce) avoisine généralement les 40 cm (sauf chez Jamel Debbouzze),
mais que ce double empan nous suffit largement à ne pas rater le train des yeux
(arrêtez avec le tramtrain!) et garder la main sur les rails de l'information.
Comme je n'achèterai pas L'Humanité pour m'économiser (Pétain coup, ça
ira mieux, il y a d'autres régimes que celui de Vichy ! - Et puis je peux le
lire à la bibliothèque, comme le Figaro Magazine -), je demande à Pierre
Vergès (et voterai pour lui s'il y parvient), une équité face au pouvoir
d'accès (d'achat?) aux médias. Je demande aussi à Yves Mont-Rouge
d'embaucher des journalistes sportifs insulaires non turfistes, afin de ne pas
lire deux fois L'Equipe dans la même matinée. Je sais enfin qu'on ne gèle
pas plus le prix de l'essence que celui des rotatives, et remercie toutefois et
pour une fois des non-grévistes. Pour le reste.... Oui, pour le reste, je
souhaite simplement une chose : que les lecteurs, de gauche ou de droite,
populistes ou élitistes, puissent être informés et demeurer à la page, loin
du massicot. Le « coup de pouce », ce n'est pas de l’auto stop ! Surtout
pour financièrement aller chercher le journal (même si, soit, la parité
bus-journal à Saint-Denis du 974 est respectée : 2,40 Euros A/R, en parts à
moitié égales). Alors merci, ce m'améliorera un peu mon « Quotidien » !

Bertrand Meunier

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