Brandissez fourches fières paysans ! le Président de la Fifa, Sepp Blatter, a demandé à une task force dirigée par Franz Beckenbauer de trouver une solution pour supprimer la séance des tirs au but pour départager deux équipes à l'issue de prolongations stériles !
Le football déborde de défauts et de raisons de s'énerver. Le comportement des joueurs, l'argent, les propos débiles de ses acteurs et observateurs, mais ce qui fait que ce sport est le numéro 1 au monde c'est son incertitude. Une incertitude magnifiée par la séance des tirs au but à l'issue des prolongations. Une espèce de remise à 0 (-0) des données du match où tout se jouera sur deux fois cinq séries de péno.
Mais voilà, visiblement agacé par la victoire de Chelsea en finale de la Ligue des Champions contre le Bayern Munich, le patron de la Fifa, Sepp Blatter, a demandé à Franz Beckenbauer et sa task force (Football 2014) de réfléchir au meilleur moyen pour supprimer cette séance. Passons sur le fait que le Kaizer est sur le coup d'un méchant conflit d'intérêt du fait de la fraicheur de la défaite de ses protégés du Bayern et intéressons nous aux conséquences fâcheuses d'une telle décision.
Que le plus méritant gagne ?
De l'avis de quasiment tout ceux qui connaissent le football, Chelsea est un vainqueur peu sexy, voire laid qui s'inscrit dans un contexte de célébration du football offensif et ambitieux. À Munich, le Bayern a été ambitieux, mais au bout de 120 minutes, chaque équipe avait scoré une fois. En 43 tirs pour les Allemands, en 9 pour les Anglais ! Est-ce alors qu'en voyant Didier Drogba réaliser le match de sa vie, on peut juger, comme Blatter, que le football « perd son essence »? Le football a une donnée fondamentale qui fait son succès. Comme aucun autre sport collectif, l'outsider a davantage d'armes pour s'imposer. La dernière Coupe du Monde de rugby 2011 n'a été qu'une longue série de résultats logiques à l'exception près de la victoire irlandaise contre l'Australie (15-6). Une saison de foot regorgent d'histoire de ce genre entre les matchs de Coupe de France et les compétitions européennes. Le Bayern ne mériterait pas sa qualification obtenue face au Real Madrid aux tirs au but ? Il semblerait que revenir sur la séance de tirs au but, reviendrait à favoriser les plus puissants et ambitieux. Mais si l'équipe ambitieuse n'est pas foutue d'inscrire un but de plus que l'adversaire défensif, est-elle vraiment plus méritante ?
On fait quoi alors ?
À Franz Beckenbauer de trouver une solution. À moins d'avoir une idée de génie, le Kaizer ne devrait pas proposer de miracle. Pire ! Il pourrait, avec ses petits copains, proposer des idées vraiment connes type, rejouer le match le lendemain ! Pour le reste, en y réfléchissant 5 minutes on pourrait voir proposée la mort subite, sorte de but en or sans chronomètre. Une solution qui mettrait en pratique l'expression « ils pourraient jouer 2 jours, ils ne marqueraient pas ». Une autre solution débile serait de se servir des statistiques du match genre nombre de tirs, tirs cadrés, fautes, possession de balle... Pourquoi pas à pile ou face tant qu'on y est ! Et puis on y est attaché à la séance des tirs au but ! Tous les supporters du monde ont connu le stress de cette séance, son intense et heureuse délivrance ET sa cruelle mise à mort. Le football est fait de ces joies et de ces peines. La séance des tirs au but est bien trop associée à l'Histoire du football pour revenir dessus.