Kindle contre Kobo : le match des liseuses pour un autre plaisir de la lecture
Le confort de l’encre électronique ou l’ergonomie de l’écran tactile, les points communs sont réels entre le produit phare d’Amazon et celui promu parla Fnac. Unedécouverte iconoclaste
Olivier Zilbertin
C’était écrit d’avance, entre les deux mon coeur balance. Laquelle choisir, laquelle élire, difficile à dire. Main droite, la Kobo dela Fnac. Maingauche, le Kindle de chez Amazon. Le dilemme. Même format, même apparence ou presque.
Contour en caoutchouc assez plaisant au toucher pour Kobo. Cadre plastique façon acier pour le Kindle, tout aussi accueillant pour les mains et les doigts. Petit avantage quand même à Kobo : il existe en quatre couleurs, lilas, bleu, blanc, noir.
Un seul petit bouton en façade pour l’une comme pour l’autre, deux grands écrans de6 pouces(15 cm), tactiles.
Sur la balance, petit avantage à la machine de la Fnac, même si les deux combattent dans la même catégorie des poids plumes :185 grammespour Kobo,213 grammespourla liseuse Amazon. Voilàpour les présentations.
Affaire de goût, cela ne se discute pas. Mais la question du premier contact est loin d’être anodine. Au contraire, elle peut se révéler de la plus haute importance. Alors que la littérature commence souvent par un rapport charnel entre mains et couverture, les liseuses, elles, se font les prêtresses d’une littérature sans livre. Un peu froide et impersonnelle. Forcément iconoclaste.
Nous pouvons d’ailleurs en témoigner. Depuis que nous avons l’une et l’autre dans notre poche, que nous les utilisons, les montrons à nos proches, combien de fois avons-nous entendu ce verdict sans appel : « Moi je ne peux pas, j’aime beaucoup trop la littérature. » Et de ranger, penaud, l’engin dans notre sac, le regard bas et la culpabilité en bandoulière. Autant donc s’y préparer à l’avance et aiguiser ses arguments.
Pour notre part, nous avons dégainé la réplique suivante : s’équiper d’une liseuse, ce n’est pas forcément renoncer aux livres. L’une n’empêche pas forcément les autres. La riposte ne fait pas mouche à tous les coups.
Douceur pour le regard
N’importe. Loin des objections de nos petits camarades, nous jouissons pleinement de ce nouveau bonheur littéraire et des fonctionnalités qu’offrent les nouvelles technologies. Classement, recherche, annotations, liens, partage… Et puis il y a l’écran commun aux deux modèles, d’une grande douceur pour le regard, lisible même en plein soleil, réactif aux effleurements et aux petits tapotements des doigts.
Sans oublier le plus important : dans la poche, en permanence, à portée de main, dans le métro, à chaque instant, une bibliothèque et une librairie ! Pour composer la première, il faut évidemment se rendre dansla seconde. Surle site d’Amazon pour le Kindle ; grâce à un logiciel très bien conçu pour le Kobo.
S’il le faut, les deux liseuses savent au demeurant s’affranchir du lien physique avec l’ordinateur : elles disposent en effet l’une comme l’autre du Wi-Fi. Mieux : le Kindle existe en version « 3G » gratuite, mais dans une configuration plus coûteuse au départ (189 euros au lieu de 129 euros).
Chapitre suivant, chapitre contenu. Essentiel bien sûr. Les deux maisons mères n’hésitent d’ailleurs pas à rivaliser de chiffres pour vanter la richesse et la variété de leur librairie.
Plus d’un million de titres, toutes langues confondues, selon Amazon. Deux millions, dont plus de 200 000 ouvrages en français, dixitla Fnac. Impossible à vérifier.
Officiellement, en France, 80 000 titres numériques seraient disponibles à la vente, pour600 000 livresimprimés. Pour l’année 2011, selon l’institut d’études GFK, 1,1 million de livres numériques ont en tout cas été téléchargés pour un chiffre d’affaires de 12 millions d’euros, et environ 92 000 liseuses vendues.
Avant de les glisser dans nos bagages, nous leur avons offert un joli petit écrin de cuir, une loupiote pour la nuit et un chargeur, en râlant qu’elles ne fussent pourvues d’origine que d’un câble USB.
Surtout, nous avons chargé nos deux ardoises magiques de quelques livres pour les vacances. Le Prix Goncourt 2011 (L’Art français de la guerre, d’Alexi Jenny) était disponible dans les deux boutiques à 14,99 euros (au lieu de 21,30 euros en version papier). Idem avec La Délicatesse, de David Foenkinos, à 6,49 euros, ou Les Fleurs du mal, gratuites. En revanche, chez Amazon, nous n’avons pas trouvé leOlivier de Jérôme Garcin, ni le Indignez-vous de Stéphane Hessel, que nous avons donc téléchargés sur Kobo. La place ne manque pas : les liseuses ont de la mémoire et peuvent stocker quelques dizaines de milliers d’ouvrages.
A noter encore que le Kindle propose journaux (dont Le Monde) et magazines, contrairement au Kobo. Notre verdict n’en demeure pas moins inchangé : entre Kindle et Kobo, le mano à mano s’achève au coude-à-coude. (Article paru dans Le Monde Eco & Entreprise daté du 9 mai 2012)
Pratique
Kobo Prix 129 euros
Dimensions 114 mm × 165 mm × 10 mm
Poids 185 gr.
Taille écran 6 pouces (15 cm)
Mémoire interne/externe 1,4 Go/32 Go
Navigateur Internet
Kindle Touch Prix 129 euros
Dimensions 172 mm × 120 mm × 10,1 mm
Poids 213 g.
Taille écran 6 pouces (15 cm)
Mémoire interne 3 Go.
Navigateur Internet
Possibilité de lire journaux et magazine.