Les Québécois c’est un peu comme les cousins de province : z’ont beau être eu peu relou et affligés d’un accent aussi épais que carrément marrant, on ne peut pas s’empêcher de les trouver sympathiques. Si ce n’est carrément fun comme ils disent quand, en goguette sur les remparts de Saint Malo à la recherche de leurs racines, ils se tapent une (vraie) galette-saucisse avec des mines gourmandes. Comment donc en vouloir à leur belle jeunesse estudiantine de se répandre dans les rues de Montréal aux cris de « Charest dégage ! » et de « Vive la révolution ! » ? Z’ont bien le droit après tout de se jouer leur remake de mai 68. Même avec près d’un demi siècle de retard, même si, ceux qui connaissent le coin le confirmeront, la rue Sainte Catherine c’est pas le Boul Mich’, ni la place Ville Marie le carrefour de l’Odéon. En tout cas ils ont l’air de bien s’amuser. Ils ont bien raison car, vu le climat des bords du Saint Laurent (et sans accréditer la thèse selon laquelle on n’y connait que deux saisons : l’hiver et la semaine du 15 août), le printemps du cru a toujours un p’tit parfum d’éphémère… En plus, pendant qu’ils défilent, ils ne font pas de conneries…
J’entends déjà beugler d’ici les vieux réacs grognons : « c’est toujours la même chose avec les soixante-huitards attardés, ils ne peuvent pas s’empêcher de sombrer dans le laxisme débridé si ce n’est dans l’angélisme irresponsable et patati et patata… ». C’est couru d’avance. Mais, tout vieux, réacs et grognons qu’ils sont, ils n’ont pas complètement tort. La lecture du manifeste plus ou moins officiel du « printemps érable » tendrait même à leur donner plutôt raison. C’est un joli catalogue de la bien-pensance de gôche la plus ordinaire avec, au menu, l’université libre et gratuite pour tous, l’éradication de la finance mortifère et, peut-être même, la fin du réchauffement climatique. Sur ce dernier point et compte tenu de ce que j’ai écrit plus haut sur la météo locale, on ne peut que déplorer les ravages provoqués par l’abus de beuh sur les neurones de nos jeunes cousins d’outre Atlantique…
Reste que, printemps pour printemps et sans vouloir offenser personne, le vieux soixante-huitard attardé et indécrottable que je suis préfère nettement l’érable à l’arabe. Ce n’est ni du racisme ni de l’islamophobie, c’est juste une question d’esthétique : voir des p’tites Québécoises plutôt bien roulées défiler en soutif en scandant « A bas la loi 78 ! », c’est quand même plus agréable à regarder qu’un troupeau de meufs encapuchonnées de partout qui piaillent « Allah Akbar » en chœur. De peur probablement de se faire tabasser par leur barbu de mari si elles ne mettent pas suffisamment de cœur à l’ouvrage... En plus, sauf accident toujours possible, le printemps érable a quand même peu de chance de virer à l’hiver salafiste…
Ni du reste à la révolution d’octobre façon bolchévique…