Ce que l’État sait de vous grâce à Internet

Publié le 25 mai 2012 par Copeau @Contrepoints

Vous ne devriez pas avoir confiance en l’État, parce que même si vous pouvez penser qu’il est aujourd’hui une entité de laquelle vous ne devez rien avoir à craindre, je pense qu’il est illusoire de penser que le temps des dictateurs sanguinaires est derrière nous pour toujours.

Par Aster.

Il y a quelques mois j’ai écrit un article vous détaillant ce que Facebook et consorts pouvaient savoir de votre vie. Ce serait malhonnête de ne pas venir parler sur l’État autour de ce même sujet.

Vous ne devriez pas avoir confiance en l’État, parce que même si vous pouvez penser qu’il est aujourd’hui une entité de laquelle vous ne devez rien avoir à craindre, je pense qu’il est illusoire de penser que le temps des dictateurs sanguinaires est derrière nous pour toujours.

Pour commencer, l’État a accès à toutes les informations qui peuvent vous concerner chez les acteurs privés, potentiellement avec un soutien légal, parfois simplement avec celui de la force ou de la menace comme dans les dictatures arabes qui sont en train de s’effriter :

  • Réseaux sociaux
  • E-mails
  • Opérateurs téléphoniques
  • GPS
  • Banques (d’ailleurs, si vous pouviez arrêtez de payer en espèce, ce serait gentil !)

Sur un plan légal, vous pouvez penser qu’il y a des contrôles autour de ce qu’il peut s’appeler un viol de votre vie privée. C’est de moins en moins vrai. Ça ne l’est pas grâce à MM. Ben Laden, Bush et Obama aux USA par le biais du Patriot Act. En Europe et en France particulièrement il y a des tendances visant à « mater Internet », à l’asservir au contrôle des États. L’affaire Merah a permis à Sarkozy d’ouvrir encore quelques portes. Au-delà des accès sans besoin d’accusation, les États constituent d’abord des obligations des fichages chez les acteurs privés, par exemple, le gouvernement français en forçant le stockage par les fournisseurs d’accès de vos données d’achat, de communication ou de navigation, on s’assure d’avoir ces informations à portée de main.

Le futur de ces pratiques est d’établir des pratiques similaires à celle des USA, les acteurs privés doivent ouvrir leurs bases de données dans le cadre de la lutte antiterroriste, elles n’ont aucun droit de prévenir leur client que leur données sont lues par telle ou telle entité gouvernementale… Si vous utilisez GMail par exemple, vos e-mails sont automatiquement analysés à la recherche de mots-clés au cas où quoi.

En fait, même en oubliant les caméras de sécurité qui peuplent avec insistance et enthousiasme toutes les ruelles des pays civilisés, l’État peut facilement avoir accès à vos données bancaires, combien vous avez payé, pourquoi, quand. Il peut demander quels sites vous avez visités, voir ce que vous y avez fait. Avec vos données de mobiles, on a une petite idée d’où vous étiez, à qui vous avez parlé.

Les contraintes juridiques ne constituant qu’un mur de paille qui s’embrase rapidement. Votre seule sécurité réelle pour le moment c’est le niveau de la technique : regrouper ces données n’est pas une chose facile et coûte très cher, les analyser efficacement et automatiquement est du domaine de la recherche. Fermez les yeux, rentrez dans la tête d’un de ceux qui dirigent les hommes : imaginez un monde où automatiquement vous savez si vos serfs, pardon, vos citoyens, payent leur impôt et/ou complotent contre vous. Voici un cauchemar qui pourrait devenir réalité, et qui en tout cas représente un projet vendu à coup de lutte contre les pédophiles et les islamistes, peut-être un peu contre les riches aussi…

Peu d’entités s’opposent à cette tendance.

Quelques sociétés dans la mesure où cela menace leur business, mais pas plus que cela puisque ça augmente confortablement les barrières à l’entrée sur leur marché et ça leur évite quelques tracas autour de la concurrence.

Peut-être aussi quelques associations considérées comme des allumés conspirationnistes du genre de la Quadrature du Net.

La chose qui peut sauver votre vie privée dans le futur, c’est peut-être la technologie et la science qui travaillent à offrir des projets comme TrueCrypt, Bitcoin ou encore Freenet.

La petite morale de cette histoire est donnée par Korben : « Tout ce que tu mettras en ligne, tu devras le considéer comme perdu et public à tout jamais. Bordel. »

Have a nice day !


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