La croissance africaine est menacée par les inégalités

Dans son rapport 2012, Africa Progress Panel, une organisation indépendante présidée par Kofi Annan, tire la sonnette d’alarme en affirmant que la solide trajectoire de croissance de l’Afrique, qui devrait connaître une croissance de plus de 5 % dans les prochaines années, est menacée du fait de l’accroissement des inégalités et de la marginalisation de pans entiers de la société.

Le rapport note que l’Afrique compte sept des économies connaissant les plus fortes croissances au monde et que 70 %  de la population africaine vit dans des pays qui ont connu des croissances économiques de plus de 4 % au cours des dix dernières années. Cependant, le rapport constate aussi que la plupart des pays ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire d’ici 2015 du fait de la lenteur des progrès réalisés dans les domaines de la nutrition et de la survie des enfants, la santé maternelle et l’éducation.

Selon le rapport, le besoin d’une croissance équitable est d’autant plus critique que l’Afrique connaît un bouleversement démographique profond qui verra la population du continent doubler en 30 ans et continuer de croître dans le seconde moitié du XXIème siècle. Aujourd’hui, il y a 70 millions d’Africains de moins de 14 ans de plus qu’il y a dix ans. Au cours des dix prochaines années, ils seront 76 millions de plus. Le rapport appelle à un effort soutenu de la part des hommes politiques en place pour l’emploi, la justice et l’équité afin d’assurer une croissance durable et partagée qui bénéficie à tous les Africains.

L’échec à générer une croissance équitable pourrait avoir pour conséquence un désastre démographique  marqué ”par le niveau croissant du chômage des jeunes, le bouleversement social et la faim”.

Le rapport identifie une série de défis exigeant une action urgente de la part des gouvernements :

• L’emploi des jeunes : les 15-24 ans étaient 133 millions en 2000, ils seront 246 millions en 2020. Le rapport préconise d’améliorer les compétences et de générer des emplois ruraux non-agricoles.

• La petite agriculture : en l’absence d’efforts concertés pour augmenter la productivité des petites exploitations, le rapport prévient que l’Afrique demeurera vulnérable aux crises alimentaires. Il identifie l’accaparement des terres par les investisseurs et spéculateurs étrangers comme un risque majeur et presse les gouvernements africains  à adopter une réglementation plus stricte.

• L’éducation : le rapport appelle à des actions urgentes pour s’attaquer à une double crise d’accès et d’apprentissage. Avec 30 millions d’enfants hors du système scolaire et beaucoup d’autres scolarisés qui échouent à maîtriser un niveau d’alphabétisation basique, l’Afrique est sous-équipée pour générer des emplois et prendre sa place dans une économie globale fondée sur la connaissance. Le rapport appelle à une attention renforcée  sur l’éducation et la création de mécanismes de financement appropriés.

• La gouvernance économique globale et l’aide : le rapport note que l’Afrique a encore une voix faible dans les domaines tels que le commerce, la finance et l’aide au développement qui constituent un appui crucial pour ses citoyens. Le rapport ajoute que l’aide demeure d’une importance vitale et que les gouvernements africains et les partenaires de développement doivent tenir leurs engagements dans la transparence et la responsabilité.

Kofi Annan résume le rapport en déclarant : ”Le message général du rapport de cette année est positif. L’Afrique est en passe de devenir une destination de choix pour les investissements, un pôle potentiel de croissance globale et un lieu d’innovation et de créativité immenses. Mais il y a encore du chemin à parcourir et les gouvernements africains doivent, de manière urgente, porter leur attention sur ceux qui sont  laissés pour compte.”

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