Fait nouveau depuis cinq ans : quand la France a exprimé sa position, l’Europe l’a écoutée. Alors que son prédécesseur se
positionnait toujours par rapport à d’autres, c’est autour des propositions de François Hollande que le débat s'est noué au sommet de Bruxelles et qu'il va se poursuivre dans les prochaines
semaines.
Dans la campagne législative, l'UMP s'échine à resservir la critique qu'elle formulait pendant l'élection présidentielle :
avec la gauche et son exigence de croissance, la France serait isolée. Cette affirmation est balayée par les faits.
Mobilisation des fonds structurels européens pour l'emploi et la formation, renforcement de la Banque européenne
d’investissement pour soutenir la recherche et l’innovation, « project bonds » pour financer les grands projets d’avenir – toutes les propositions de François Hollande seront mises sur la table
du Conseil européen les 28 et 29 juin. On est loin des pactes dits « de compétitivité » et « pour l’euro plus » défendus par M. Sarkozy en 2010 et 2011 qui prévoyaient, pour toute ambition
européenne, l’inscription obligatoire de pseudo règles d'or dans les Constitutions des Etats membres, la désindexation des salaires sur les prix, la retraite à 67 ans ou l’harmonisation de
l’impôt sur les sociétés vers le moins-disant !
Sur les euro-obligations aussi, le changement est manifeste. Le précédent président français avait fait un grand pas en
arrière en renonçant, à la demande de l'Allemagne, à l'instauration de ce levier indispensable à une croissance durable et à une intégration économique renforcée en Europe. En décembre 2011, il
estimait que les euro-obligations « n’étaient en aucun cas une solution à la crise ». Une semaine après sa prise de fonction, François Hollande a réussi à obtenir le soutien d'un grand nombre de
pays membres, l'appui des institutions communautaires et l'encouragement des organisations économiques internationales. Grâce à la France, cette idée fera partie de l’agenda des discussions. Pour
la première fois depuis bien des années, aucun sujet n’est désormais tabou en Europe.
Le 26 mars dernier dans Ouest-France, M. Sarkozy affirmait que nous étions « sortis de la crise financière et en phase de
reprise économique ». La situation de la Grèce, qui a fait l'objet d'une position unanime des Vingt-Sept hier, montre qu’il n'en est rien, hélas. Mais l’espoir renait et il vient de France : en
une semaine à la tête de l’Etat, François Hollande a plus fait avancer la cause de l'Europe auprès des peuples que son prédécesseur en un mandat.
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Harlem DésirSecrétaire national à la coordination -
Guillaume BachelayPorte-parole