Croissance, oui, mais comment et pourquoi?

Publié le 25 mai 2012 par Kalvin Whiteoak

D’interminables débats occupent ces temps les politiques ou les experts, ces « spécialistes » qui ont conduit durant les dix dernières années les pays européens dans le bourbier actuel, sur la question de savoir comment la sacro-sainte croissance peut être retrouvée.

Parmi ces « experts », on distingue les keynésiens pur sucre voulant à tout prix relancer la demande par la dépense publique et la consommation intérieure, vieille théorie dépassée, et les tenants de l’orthodoxie budgétaire et libérale, qui ne jurent que par la flexibilité du travail et la compétitivité.

A les entendre, on dirait que les marges de chacune de ces deux théories sont comme des frontières de plomb qu’il est impossible de franchir et surtout de mélanger pour parvenir au but recherché.

Navrant donc de constater que les experts soient incapables de sortir d’un raisonnement non pas factuel mais avant tout teinté d’idéologie. De cette idéologie qui font ressembler le discours universitaire à un credo taliban, quel que soit d’ailleurs le bord duquel ce discours émane.

« Tout est bon dans le cochon », prétendent entre autres les critiques gastronomiques. Si cet adage ne peut indistinctement être appliqué au choix d’une politique économique, il se révèle utile à l’analyse, en montrant que seule une conjonction des deux théories permettra peut-être de surmonter la crise actuelle et de redonner à la population la nécessaire confiance et l’envie d’investir et de dépenser. Mais cette conjonction ne sera pas suffisante.

La France est un pays enfoncé dans une dette publique colossale. Simultanément, les pactoles privés et autres bas de laine n’y ont jamais été aussi élevés. Pour que ces pactoles puissent permettre aussi de relancer une économie malade de sa paresse institutionnelle et de son manque d’imagination à l’export, il faut avant tout redéfinir le partage du gâteau des richesses.

Pendant les trente dernières années, la part des revenus et profits revenant aux plus riches a considérablement augmenté, pour ne laisser à la majorité des citoyens qu’une portion de plus en plus congrue de cette fameuse richesse.

Refonder les règles de partage à ce niveau est essentiel. Si le modeste épargnant obtient l’assurance qu’il sera traité sur pied d’égalité avec ses riches concitoyens, alors il condescendra sans doute à remettre le contenu de son bas de laine dans le circuit économique. Cette règle de répartition égalitaire des richesses possédées ou produites ne peut venir que du politique, et de fait que de la fiscalité.

La redistribution équitable de la manne globale est aussi essentielle au redémarrage de la fameuse croissance que les projects bonds ou autres inventions dont on parle beaucoup actuellement. La règle des trois tiers n’est d’ailleurs même pas suffisante pour satisfaire les attentes de la population. Mais son application stricte serait déjà un progrès, seulement d’ailleurs si elle est accompagnée d’un sursaut de travail et surtout de compétitivité.

Ceci étant valable aussi bien pour le secteur public que pour le secteur privé, les ors de la France étant aussi dispendieux que ceux d’un Sultan de pacotille.