La cité de Windwir vient d'être anéantie, et avec elle la Grande Bibliothèque où reposait la mémoire du monde. L'onde de choc de cette catastrophe rompt les équilibres politiques et religieux des Terres Nommées, attise les convoitises, ravive les complots, met à mal les alliances. La guerre est inévitable.
Rudolfo le roi tsigane, seigneur des Neuf Maisons Sylvestres, est le premier sur les lieux et recueille dans les ruines un automate de métal. Agité de sanglots et rongé par la culpabilité, celui-ci s'accuse d être à l'origine du drame. Quel est son terrifiant secret ? A-t-il été manipulé ? Qui voulait la destruction de Windwir et pourquoi ?
Mais voilà que Neb, un jeune moine orphelin qui a assisté à l'horreur, commence à faire des rêves prophétiques...
Voilà une éternité (depuis sa sortie en fait) que je veux lire ce livre. C'est grâce à Serega, qui me l'a offert lors d'un swap, et aux encouragements de Plumeline, que je me suis enfin plongée dans l'univers de Ken Scholes. Et je dois vous avouer que je suis sous le charme :)
Lorsque j'ai lu les premières pages, ma réaction n'a pourtant pas été tout de suite positive. En effet, la narration est similaire à celle du Trône de Fer, c'est-à-dire que nous avons des passages dédiés à chaque personnage et qui se succèdent pour former le récit. Sauf que là où George R.R. Martin pouvait passer cent pages sur un même personnage, ici on en a une dizaine voire moins à chaque fois. Du coup, je dois avouer que j'ai été un peu déstabilisée au début, et un peu perdue au niveau de l'histoire.
De plus, il faut noter que le récit comporte très peu de descriptions, ce qui fait qu'on a parfois du mal à imaginer le décor et le contexte, il y a une sorte de vide de ce côté là. Cependant, notre compréhension du monde dans lequel se situe l'histoire se fait au fur et à mesure de la lecture, et on finit par ne plus y penser.
Cette forme de narration, alternant des passages courts dédiés à chaque personnage, donne du rythme au récit et m'a finalement beaucoup plu. Cette structure narrative pourra en déconcerter certain, mais je trouve que contrairement au Trône de Fer, dans lequel on se perd dans de nombreuses intrigues secondaires, ici on se concentre vraiment sur une ligne directrice. Tous les passages ont un lien direct avec les événements qui sont au centre du récit, à savoir la destruction de Windwir et des Androfranciens, ces gardiens du savoir... Chaque point de vue se répond et fait avancer l'intrigue, ce qui fait que la lecture est loin d'être décousue, malgré la multiplicité des personnages. Avec ce type de narration, la lecture est très agréable, et même addictive !
Un autre point commun que j'ai trouvé avec Le Trône de Fer, c'est le jeu du pouvoir. Celui-ci est tout aussi prenant que dans l’œuvre de George R.R. Martin, avec des forces qui agissent dans l'ombre et déplacent leurs pions à l'insu de tous. On y retrouve également de véritables joutes de pouvoir à coup d'information et de désinformation, d'alliances et de trahisons. Le livre est un concentré de secrets, de manigances politiques, de manipulations en tout genre, de trahisons et de complots de grande envergure. Tout tourne autour d'une seule et unique question : pourquoi Windwir a-t-elle été détruite et par qui ?
L'action est eu présente, ce n'est pas dans ce livre que vous trouverez de grandes batailles ni de combats héroïques. Néanmoins, le récit ne manque pas de rebondissements et de révélations, et on ne s'ennuie jamais !
J'ai beaucoup aimé certains thèmes abordés dans le livre, notamment la destinée ou encore le déclin d'une civilisation, l'opposition entre le culte du passé et la volonté d'aller de l'avant pour construire un futur différent. Ou encore l'antagonisme entre magie et technologie, qui se voit réconcilié au travers des objets venant de l'ancien monde, mélange savant entre science et merveilleux faisant penser à l'alchimie.
Isaak, l'un des personnages principaux, est d'ailleurs l'un des vestiges de la civilisation précédente, technologiquement très avancée, et qui semble avoir disparu suite à un événement tragique. Isaak est un mécaserviteur, une sorte de robot, mais il semble avec de réels sentiments, comme un être humain. Ceci en fait un personnage intriguant et touchant, d'autant plus que j'adore les mystères de l'alchimie et qu'il semble en être un à lui tout seul !
Vous l'avez compris, ce livre est un coup de coeur, et c'est avec grand plaisir (et une certaine impatience) que je vais très prochainement me plonger dans le second tome :)
Je recommande chaudement ce livre qui a toutes les qualité d'un Trône de Fer (personnages nombreux et travaillés, jeux de pouvoir à tout va) sans ses défauts les plus flagrants (une intrigue qui s'éparpille, des chapitres longs dans un langage parfois difficile). Même si l'auteur est un peu trop avare de descriptions, l'intrigue est très prenante et l'univers intéressant, mêlant magie et technologie autour d'un mystère qui s'épaissit au fur et à mesure qu'on avance dans le récit.
Un coup de coeur à ne pas rater ! Et puis comment résister aux illustrations de Marc Simonetti, qui une fois de plus nous offre une super couverture ?
Trolle est amoureuse